Par Emile Kitong – ekitong@gmail.com
Il n’a pas masqué son envie d’en finir au plus vite avec la première phase de son interrogatoire, en demandant au tribunal de permettre à son avocat de lui poser une dernière question après près de trois heures d’une audience déjà dense. M. Mbiaga Jean Pierre Bernard, puisqu’il s’agit de lui, inaugurait le 12 avril 2022, la phase de sa propre défense dans le procès qui l’oppose à l’Etat du Cameroun (Minfi et Crtv) devant le Tribunal criminel spécial (TCS). Il répond d’un présumé détournement en coaction avec M. Amadou Vamoulké de la somme de 2,1 milliards de francs. Le pasteur pentecôtiste, évangéliste depuis 25 ans, comme il s’est présenté, venait de parler avec beaucoup de peine de «l’injustice» qu’il dit subir devant la justice de son pays depuis 4 ans. Il était parti volontairement de Montréal au Canada où il réside de façon permanente depuis 2004 pour répondre à une convocation du TCS, croyant bien faire. Il croupit depuis en prison du fait de ce qu’il appelle une «œuvre démoniaque» d’un expert-comptable nommé Bela Belinga.
Expert-consultant puis enseignant en comptabilité, en fiscalité, en analyse financière et en banque notamment, il pensait pouvoir tout dire en une seule audience au trio des juges pour prouver son innocence avant d’être stoppé net par son avocat, Maître Leumani Jean. Ce dernier lui a gentiment rappelé qu’il était maître de la stratégie de sa défense avant de prier le tribunal d’ajourner la suite de l’interrogatoire de son client. Finalement, c’est en deux audiences que cet accusé a épuisé les questions que son conseil avait préparées. Son deuxième rendez-vous avec les juges dans le cadre de son «examination in chief» a donc eu lieu la semaine dernière, précisément le 20 avril 2022.
M. Mbiaga avait bénéficié d’un bon de commande (BC) de 4,9 millions de francs TTC à la Crtv à partir de la fin de l’exercice 2013, pour établir sa déclaration statistique et fiscale (DSF), document comptable et fiscal destiné à la direction générale des impôts. Sollicité par M. Gara, ancien collègue enseignant à l’Institut Siantou supérieur devenu cadre à la direction financière de la Crtv, l’expert-consultant avait pour mission d’éviter à l’organisme public des redressements fiscaux. Il déclare s’y être attelé pendant trois exercices, sans jamais avoir rencontré M. Amadou Vamoulké.
Les déboires judiciaires de ce justiciable naissent, comme pour tous les autres mis en cause de l’affaire, d’un rapport d’audit de l’expert-comptable Bela Belinga Isaac Joël, recruté par M. Charles Ndongo, le successeur de M. Amadou Vamoulké comme DG de la Crtv.
En fait, comme rappelé par Maître Leumani Jean dans sa première question à son client, M. Bela Belinga fait le reproche à ce dernier, «d’avoir initié, dans le cadre de l’élaboration de la DSF de la Crtv, un apurement jugé irrégulier du compte fournisseurs débiteurs d’un montant de 2.143.273.911 francs en coaction avec M. Amadou Vamoulké». Reprenant à son compte ce reproche de M. Bela Belinga dans son ordonnance de renvoi, précise l’avocat, «le juge d’instruction avait estimé que l’apurement en question était irrégulier parce qu’il n’avait pas reçu l’approbation de la commission financière et du conseil d’administration de la Crtv malgré le rapport d’audit du Cabinet Pierre Wanssy et associés qui avait recommandé cet apurement dans ses conclusions».
La suite de la lecture de cet article (90% du reste du texte) est réservée à nos abonnés
Si vous êtes déjà abonné, bien vouloir vous connecter ici
A partir de 1000 FCFA le mois.
Vous voulez vous abonner ? bien vouloir cliquer ici et suivre les indications