«Je n’oublierais jamais ce jour où ma belle-mère et mon beau-frère sont venus me tabasser à mon domicile en présence de mes enfants. J’ai été humiliée et rabaissée devant mes voisins, qui se moquent encore de moi jusqu’à ce jour». Cette déclaration a été faite par Grace, jeune femme de 27 ans et mère de deux enfants. C’était à l’occasion d’une audience devant le Tribunal de premier degré de Yaoundé. Physiquement amortie par les coups de la vie, la dame est bien décidée de mettre un terme à son mariage avec Dimitri, son époux, après cinq années de vie commune. Les violences conjugales, le chantage, les injures, la calomnie et le mépris, sont les motifs de sa demande de divorce. Militaire de profession, le chef de famille, qui est en service dans une autre ville, n’a pas pu faire le déplacement afin de prendre part personnellement à l’audience. Il était pourtant attendu par le juge, qui avait renvoyé le dossier pour sa comparution et l’ouverture des débats. L’homme en tenue s’est néanmoins fait représenter par son avocat.
Dès l’appel du dossier, Grace, qui a pris place au premier banc de la salle d’audience, s’est précipitée devant la barre. Vêtue d’un ensemble pantalon tailleur rose bonbon mettant en valeur son teint clair, la jeune maman a décrit au tribunal la litanie de ses déboires conjugaux. C’est en 2015 que nos deux tourtereaux se sont rencontrés pour la première fois à Kribi. Grace résidait dans cette ville avec ses grands-parents, tandis que Dimitri y était pour un stage dans le cadre de sa profession. Le militaire, qui louait une chambre dans la concession familiale de la jeune fille, a jeté son dévolu sur elle. À cette époque-là, Grace était âgée de 20 ans et en formation dans une maison de couture. Les amoureux ont caché leur relation pendant un moment, jusqu’à ce que Grace porte une première grossesse. Lorsque le secret de leur relation a été découvert, la jeune fille a été expulsée du domicile familial par ses grands-parents. Elle s’est alors installée dans la chambre qu’occupait son copain avant de déménager dans un quartier voisin. «Ma famille m’a rejetée à cause de lui. J’ai abandonné ma formation pour lui. Il a été mon premier amour», se souvient-elle encore.
La révolte
Après la naissance de leur premier garçon aujourd’hui âgé de 5 ans, Dimitri et Grace ont décidé d’officialiser leur relation. Le militaire a donné à manger et à boire à sa belle famille en guise de dot. Le mariage civil a été célébré devant un officier d’état civil de la ville balnéaire en 2017, sous le régime de la monogamie et la communauté des biens. Peu de temps après leur cérémonie de mariage, Dimitri a été affecté dans la région du Nord. Il a décidé d’ériger le domicile conjugal à Yaoundé. C’est dans cette ville que leur deuxième enfant, une fille, a vu le jour. Elle est aujourd’hui âgée de 3 ans. «Une fois à Yaoundé, mon mari m’a logée à proximité de sa tante, la grande sœur à sa défunte maman, qu’il considère aussi comme sa génitrice. Cette belle-mère voyait en moi une petite fille, incapable de tenir un foyer. C’est par elle que passait ma ration alimentaire, et c’est elle qui dictait les lois dans mon foyer. J’ai supporté cette situation pendant un an, puis, je me suis révoltée.»
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