Le parquet requiert 18 mois de prison contre Bruno Bidjang

Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com L’affaire qui oppose l’Etat du Cameroun à Bruno François Bidjang Oba’a Bikoro, journaliste au groupe l’Anecdote, est sur le point de connaitre un dénouement. Sauf nouveau rebondissement, le mis en cause sera fixé sur le sort que lui réserve le Tribunal militaire de Yaoundé (TMY) le 11 juillet 2024. Accusé de «propagation de fausses nouvelles», prétendument le fait pour lui d’avoir propagé des nouvelles susceptibles de nuire à la sureté de l’Etat, M. Bidjang avait reconnu les faits mis à sa charge dès son interpellation. Il avait réitéré son aveu en mars 2024, premier jour d’ouverture des débats dans son procès. Mais, depuis-là, le parquet tardait à présenter ses réquisitions pour que le juge soit en possession de tous les éléments pour trancher. Il s’est acquitté enfin de cette tâche le 13 juin 2024, lors de l’audience correctionnelle du TMY présidée par le colonel Jacques Misse Njone, président de la juridiction. «Je requiers que l’accusé soit condamné à une peine privative de liberté dépassant trois mois. C'est-à-dire, six mois de privation de liberté au sens des articles 74 alinéa 2 et 113 du code pénal» , a déclaré le représentant du parquet à l’audience du 13 juin dernier. Le principal argument soutenu par le ministère public dans cette affaire que l’opinion publique peine à comprendre est tiré du passé judiciaire du mis en cause. Le commissaire du gouvernement (procureur de la République) a, en effet, requis la culpabilité de l’homme de media en demandant au tribunal de se référer au casier judiciaire du prévenu et de le déclarer coupable des faits de propagation de fausses nouvelles. Casier judiciaire En fait, l’extrait de casier judiciaire N°3 de M. Bidjang établi par le parquet du Tribunal de première instance de Sangmelima, lu par le président du TMY de Yaoundé peu après, renseigne que le concerné avait fait l’objet d’une interpellation pour défaut de permis de conduire sur l’axe Mbalmayo-Sangmelima lors d’un contrôle routier le 21 juin 2020. Une plainte avait alors été déposée contre lui. A l’issue de la procédure, le mis en cause avait été condamné par défaut le 29 avril 2021 à six mois de prison de liberté et un mandat de détention lui avait été décerné. Bruno François Bidjang Oba’a Bikoro avait aussi été condamné à payer 25.000 francs au Trésor public au titre d’amende et de 35.000 francs représentant les frais générés par la procédure. Le mis en cause a dit n’avoir jamais été notifié de cette décision. Il a ensuite soutenu que s’il avait été informé de cette procédure, il se serait valablement présenté à l’audience. Me Massi Georges, le conseil de Bruno François Bidjang Oba’a Bikoro, a quant à lui plaidé les circonstances atténuantes de son client en raison de sa bonne tenue devant la barre. Il a déclaré que le pardon étant le chemin de la réconciliation et de l’apaisement, son client, qui a présenté ses excuses au chef de l’Etat lors de sa seule prise de parole devant la barre, continue à demander pardon et souhaite se réconcilier avec le peuple camerounais, les institutions et aussi avec lui-même. «Il a dit qu’il demande pardon. C’est un père de famille, sa famille et sa femme lui manquent» , a conclu l’avocat. Dans cette affaire, tout part dans cette procédure, selon le commissaire du gouvernement, de la publication d’une vidéo diffusée le 2 février 2024 sur le compte Tik Tok de Bruno Bidjang. Dans cette vidéo d’une durée de 5 minutes 31 secondes, notamment entre la 30e et la 58e seconde de la deuxième minute, le journaliste a déclaré ceci: «le peuple camerounais est plus intéressé par les questions qui sont bien organisées, c'est-à-dire les gens pensent détail après détail un événement qui sera présenté à la place publique qui va cristalliser les attentions pour faire oublier au peuple les questions essentielles qu’ils doivent se poser.» . Suite à cette publication, M. Bidjang avait été interpelé par les éléments du Service central de recherches judiciaires de la gendarmerie. Il avait reconnu les faits depuis l’enquête préliminaire. Des faits réprimés et condamnés, selon le parquet, par les articles 74 alinéa 2, et 113 de Code Pénal.

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