Il sème la panique dans les rangs des magistrats du TPI de Douala par ses nombreuses dénonciations

Par Christophe Bobiokono – cbobio@gmail.com M. Bayiha Ba Bayiha Pierre Gustave est un justiciable pas comme les autres. Avec lui, la moindre inconduite présumée constatée dans le comportement professionnel d’un personnel judiciaire, quelle que soit sa fonction, donne lieu à une dénonciation adressée à un ou plusieurs chefs hiérarchiques du concerné. Ainsi, depuis 2019, année où il avait décidé de suivre particulièrement le dossier de la gestion des biens immobiliers laissés par son défunt père à Bali, quartier de la ville de Douala, il a adressé des dizaines et des dizaines de correspondances aux autorités judiciaires : du greffier en chef du Tribunal de première instance (TPI) de Douala – Bonanjo, au président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature, en passant par le ministre de la Justice et d’autres responsables judiciaires. Tous ont reçu une ou plusieurs courriers signés de sa main. Et ce n’est pas pour lui attirer que des amitiés, mais lui n’en a cure. Il y a deux semaines environ, M. Bayiha Ba Bayiha Pierre Gustave était à Yaoundé. Et son déplacement avait pour principal objectif de déposer au courrier arrivée de la Chancellerie, une «note d’information» destinée à Mme l’Inspecteur général des services judiciaires. Dans ce document dont il a remis une copie à Kalara , ce justiciable rappelle à son interlocutrice que le 8 décembre 2022, il lui avait adressé «trois correspondances dénonçant le très mauvais travail de certains magistrats ainsi que du greffier en chef du Tribunal de première instance de Douala-Bonanjo» . Il évoque aussi un autre courrier transmis à la même personnalité le 13 décembre 2022, soit cinq jours plus tard, dans le même sens. «Je tiens à vous remercier de votre prompte réaction» , se satisfait-il, au regard du sort réservé à ses correspondances. Quel malheur ! «Le juge Adjui Nathalie a trouvé comme solution de se débarrasser de l’affaire (son affaire) , refusant ainsi de faire son travail pour lequel elle est rémunérée mensuellement par l’argent du contribuable, allant même jusqu’à nous demander en pleine audience à quel juge notre dossier doit être transféré» , rend-il compte. M. Bayiha Ba Bayiha Pierre Gustave ne s’arrête pas en si bon chemin : il explique que n’ayant pas donné au juge Adjui l’orientation sollicitée, «car cela ne se fait pas» , précise-t-il en passant, cette dernière «transféra le dossier chez le juge Kouo qui nous posa la même question en pleine audience, terminant que notre dossier est un dossier à problèmes et renvoya l’affaire au 3 octobre 2023 tout en insistant que nous devons lui faire savoir à quel juge nous voulons que le dossier soit transmis» , poursuit le justiciable dans sa correspondance . Il conclut son récit en disant n’avoir pas pris la peine d’aller au rendez-vous du 3 octobre passé, «tout simplement parce [qu’il croit] que ce n’est plus la justice» . En fait, la missive de M. Bayiha Ba Bayiha Pierre Gustave a pour objectif de faire comprendre à l’inspecteur général des services judiciaires que son dossier est devenu une patate chaude entre les mains des juges du TPI de Douala-Bonanjo. Ce qui l’amène à s’exclamer pour plaindre la justice de son pays : «Quel malheur pour notre pays !» Et il annonce immédiatement sa nouvelle option dans son combat pour une meilleure justice : «Le mauvais travail de ces magistrats ainsi que du greffier en chef du TPI de Douala-Bonanjo sera connu par tout le peuple kamerounais (avec "K" caractéristique des upécistes) et du monde entier», promet-il. Sans doute que sa visite à Kalara participe de cette nouvelle donne. Et il précise dans sa correspondance avoir déjà rendu compte au président de la République, «président du conseil supérieur de la magistrature» , précise-t-il, de cette situation. Concrètement, M. Bayiha Ba Bayiha Pierre Gustave reproche à certains personnels du TPI de Douala-Bonanjo, d’avoir laissé un de ses frères, M. Bahiya II Ruben Jules, accaparer seul, depuis 2006, le produit des loyers générés par les biens immobiliers laissés par son défunt père, qui se nommait M. Bayiha Ba Yom Ruben Jules. Le 21 août 2006, justement, le président du TPI de Douala avait rendu une ordonnance judiciaire désignant le greffier en chef de cette juridiction comme séquestre des loyers en question. Pour lui, cette ordonnance avait eu pour conséquence de pousser son frère à se rebeller contre la justice, en continuant de percevoir les loyers et d’en disposer à sa guise. Voilà le cœur de l’ire de Pierre Gustave. Une situation qu’il se bat à faire cesser. En vain pour le moment, si l’on en croit le fond des missives adressées à Mme l’inspecteur général. Plainte En prélude à son activisme contre «le mauvais travail des magistrats», M. Bayiha Ba Bayiha Pierre Gustave avait déposé, en compagnie avec un autre de ses frères, M. Yomb Bayiha Joseph Emmanuel, une plainte avec constitution de partie civile contre M. Bahiya II Ruben Jules Vincent, qui se présente comme l’héritier testamentaire de leur père. Cette plainte qui vise les infractions de «détournement des loyers des immeubles de la succession Bayiha Ba Yomb Ruben Jules placés sous séquestre» et de «refus d’exécuter une décision de justice devenue définitive» , est passée entre les mains de plusieurs juges d’instruction avant d’aboutir au renvoi en jugement de la cible. Et tous les magistrats qui ont connu du dossier, sans inculper le mis en cause, ont fait l’objet d’une dénonciation auprès de la hiérarchie. Seule Mme Adama Moussa épouse Domche, le juge d’instruction ayant renvoyé son frère en jugement est l’un des rares magistrats à trouver grâce auprès de M. Bayiha Ba Bayiha. Mais, depuis décembre 2020, le TPI de Douala-Bonanjo n'a pas encore fini d’examiner le conflit. Bientôt cela fera trois ans que le plaignant attend que son dossier soit examiné en audience publique. Il reste maintenant à savoir si l’inspecteur général des services judiciaires ou le président de la République pourront enfin briser totalement l’inertie dont se plaint M. Bayiha Ba Bayiha Pierre Gustave. Une chose est sûre : ce dernier n’est pas prêt à mettre un terme à ses dénonciations tous azimuts contre le «mauvais travail des magistrats». Ce n’est décidément pas un justiciable pas comme les autres…

Il sème la panique dans les rangs des magistrats du TPI de Douala par ses nombreuses dénonciations

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