M. Ahmed Karnara, un berger qui revend des bœufs aux bouchers dans les grands marchés du Cameroun et de la Guinée Equatoriale où il résidait avant son arrestation à Yaoundé, médite sur son sort à la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Il y séjourne depuis 2019. Son patron Dicko Bara le poursuit pour les faits d’abus de confiance. Il est reproché à M. Ahmed Karnara, qui clame son innocence, d’avoir reçu près de 63 têtes de bœufs qu’il devait revendre et reverser les fruits de la vente à son patron. Ce que le prévenu n’aurait pas fait. D’où l’actuelle procédure judiciaire engagée par M. Dicko Bara contre son ancien partenaire d’affaires devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif.
Dans sa relation des faits en l’absence du plaignant, le ministère public a expliqué qu’en 2019, M. Ahmed Karnara avait remis à son partenaire d’affaires M. Ahmed Karnara des bœufs d’une valeur de plus de 30 millions de francs. La représentante du parquet explique que le prévenu a fondu dans la nature après avoir reçu les bœufs litigieux. Le 4 mars 2022, M. Ahmed Karnara s’est expliqué sur l’affaire qui l’a conduit en promettant de dire la vérité rien que la vérité. Il raconte avoir commencé le partenariat avec le plaignant en 2016. Pendant trois ans, dit-il, leur relation était au beau fixe. Il déclare avoir vendu plus de 1000 bœufs en reversant chaque semaine à son fournisseur, la somme de 10 millions de francs. C’est en 2019 que les problèmes commencent entre les deux parties. «Je ne pouvais pas payer la dette qu’il me réclame étant donné que j’étais tombé malade en 2019 et que pendant 8 mois j’avais été interné dans une formation hospitalière en Guinée Equatoriale. Les bouchers à qui j’avais livré les bœufs m’ont tous abusé pensant que j’allais mourir. C’est ce qui ne me permet pas de m’acquitter des engagements pris auprès de M. Dicko Bara», a confié M. Ahmed Karnara.
Poursuivant son témoignage, M. Ahmed Karnara a indiqué avoir conclu un protocole d’accord avec le plaignant qui prévoyait qu’il verse à ce dernier la somme de 500 mille francs chaque mois. Avant cela, il a dit avoir versé la somme de 4 millions de francs représentant une avance de sa dette à son partenaire d’affaires. Il a souligné avoir parfois fait de mauvaises affaires à cause de la fluctuation des prix sur le marché du bétail. Il espérait qu’au terme de cette entente, M. Dicko Bara allait lui faire confiance en lui remettant d’autres bêtes pour lui permettre de se refaire une santé financière, a-t-il, ajouté. Il note avoir été surpris que malgré les efforts fournis, son fournisseur sollicite son arrestation qui complique davantage sa situation.
La magistrate du parquet n’a pas été convaincue par les déclarations de M. Ahmed Karnara. Elle les a qualifiées de spécieuses et soutenu que celles-ci, avaient pour objectif de tromper la vigilance du tribunal. «A l’enquête préliminaire et à l’information judiciaire il avait reconnu les faits qui lui sont reprochés et il s’était engagé à rembourser la dette selon un échéancier convenu de commun accord. Mais il n’a pas honoré sa promesse», déclare la représentante du parquet. Elle a ajouté que lors des premières étapes de la procédure, M. Ahmed Karnara n’avait jamais fait allusion à sa maladie mais devant la barre, il veut rejeter le tort sur d’autres personnes, a poursuivi le magistrat. Elle conclut que l’infraction d’abus de confiance est constituée et demande au tribunal de déclarer le mis en cause coupable des charges retenues à son encontre. Le juge en charge du dossier compte se prononcer sur la culpabilité ou non de M. Ahmed Karnara le 18 mars 2022.