Par Marie Bahané welao (Stagiaire) – wealomari@gmail.com
Le torchon brule entre Jacqueline, la quatrième épouse de Francis et Franck, le fils ainé de la famille, qui a été désigné administrateur des biens successoraux, après le décès du chef de la famille. La mésentente fait suite à un malentendu au sujet d’un projet de réfection de la case familiale que la veuve a hérité après le partagé des biens. Elle a entrepris de faire les travaux de réaménagement avec Yvana, sa fille, et le fils de la première épouse s’est opposé. Ce dernier prêtant que les autres ayants-droit de Francis ne sont pas d’accord pour que le domicile familial soit réfectionné au goût de la veuve. Les débats ont été ouverts dans ce procès le 20 avril 2021 devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif. L’accusé, qui comparait libre, répond des infractions de vol, injures et destruction. Il plaide non coupable.
La scène s’est déroulée le 27 juin 2017. Jacqueline dit avoir fait appel aux techniciens pour engager les travaux de réfection de son domicile dans lequel elle habite avec ses petits-fils. Elle soutient que le domicile qu’elle souhaite réfectionner était déjà dans un état d’ébranlement très avancé. «Les feuilles de tôle étaient fissurées et l’eau suintait quand il pleut. Les lattes qui soutiennent le plafond étaient déjà tombantes et les murs fissurés», a-t-elle déclaré. Toutefois, la veuve précise qu’elle n’a pas effectué les travaux de cette maison depuis, faute de moyens financier.
Persécution
Avec l’aide de Yvana sa fille ainée, qui lui a procuré du matériau de construction (planches, fers, pointes et autres…), elle a fait venir les techniciens sur le chantier. Mais, ces derniers ont été stoppés par Frank, qui leur a intimé l’ordre d’arrêter les travaux, et a emporté leurs matériaux de construction. Ce dernier a ensuite détruit les travaux qui avaient déjà été effectués sur le site. Ayant été mise au courant de cet incident, Jacqueline relate qu’elle s’est rapprochée de l’administrateur des biens de leur famille pour connaitre ses motivations. Ce dernier a plutôt commencé à lui proférer des injures et menaces, prétextant qu’elle n’a pas le doit d’entreprendre les travaux de réaménagement sur la concession familiale sans le consentement préalable de tous les ayants-droit.
Poursuivant son témoignage, la veuve a déclaré au tribunal qu’elle se sentait lésée dans cette famille même du vivant de son mari. Les enfants de ses coépouses n’ont aucune considération pour elle. «Ils ne m’ont jamais accepté comme une autre épouse de leur défunt père. Ils me persécutent et me manquent le respect tout le temps avec la complicité de mes coépouses.» Néanmoins Jacqueline affirme qu’après le décès de Francis, chacune de ses épouses avait eu droit à une case suite à un partage de bien qui a précédé le conseil familial tenue en présence de tous les membres de la famille. C’est ainsi qu’elle a hérité de la case querellée dont la réfection est au centre d’une querelle. Elle dit avoir entendu dire au cours d’une autre assise familiale à la laquelle elle n’a pas été invitée que les membres de la famille avaient pris la décision de détruire et vendre le site sur lequel se trouve la maison qu’elle occupe actuellement avec ses petits-fils et arrières petits fils encore en bas âge.
Chambre d’auberge
Pour sa défense, Franck a fait recourt à son oncle Josué, frère cadet du défunt pour appuyer son témoignage. Il a reconnu avoir demandé aux techniciens de Jacqueline d’arrêter les travaux, mais, ces derniers l’on roué de coups de pierres. Il dit avoir été blessé et le toit de son bâtiment s’est abîmé suite à cet incident. Il ne reconnait pas avoir emporté le matériau de construction qui se trouvait sur le chantier, ni détruit les constructions de sa belle-mère.
Dans la suite de son exposé, l’accusé a relevé au tribunal que le fond du problème se trouve ailleurs. Selon lui, Jacqueline et sa fille ne veulent pas seulement réfectionner la maison, mais ont plutôt en projet de construire sept chambres d’auberge. Franck souligne en outre qu’en sa qualité d’administrateur des biens et par ailleurs gardien de toutes les propriétés de son père, il est également chargé de rendre compte de sa gestion aux autres héritiers. D’après lui, les ayants-droit de Francis s’opposent à ce que Jacqueline transforme leur maison en auberge. Il dit avoir organisé une assise familiale dans laquelle il a proposé à Yvana de réfectionner uniquement la maison habitée par sa mère. Mais, cette dernière avait dit ne pas avoir assez de moyens financiers pour le faire. Mais, grande a été sa surprise de constater que sa demi-sœur et sa mère ont eu de l’argent pour commencer à construire les chambres «de passes». Un projet qui n’est pas apprécié et accepté par tous. Il nie également les faits d’injures et menaces que lui reproche la quatrième épouse de son père. Cette version des faits a été corroborée par l’oncle de Frank et son témoin dans cette affaire. L’affaire a été mise en délibéré pour le 18 mai 2021.