Les affaires de faux et usage de faux inondent de plus en plus les juridictions camerounaises. La curiosité c’est que les faussaires s’établissent et opèrent à ciel ouvert pour certains dans les lieux publics sans pour autant être inquiétés. Les cas qu’on rencontre dans les alentours des palais de justice, du ministère des Finances et dans d’autres bureaux administratifs sont des parfaites illustrations de cette gangrène sociale. Les faits de fabrication de timbres fiscaux contrefaits reprochés aux individus arrêtés au quartier Nlongkak, l’un des foyers du faux à Yaoundé, vient enrichir le registre de ces procès au Tribunal de grande instance du Mfoundi. Ils remontent, d’après l’accusation, au 26 février 2021. Il ressort de la présentation des faits présenté du magistrat du parquet que sur exploitation d’une dénonciation, Beltrand Ngono Awono et Auguste Sedze, puisqu’il s’agit d’eux, ont été appréhendés au quartier Nlongkak à Yaoundé ayant en leur possession de faux documents. D’après l’accusation, une enquête ouverte par les éléments de la brigade de gendarmerie de cette localité a permis de saisir dans le domicile de M. NgonoAwono de faux documents ainsi que des machines permettant aux accusés de fabriquer les timbres fiscaux et des signatures contrefaites. Des accusations que ces derniers ont rejeté.
Le 5 octobre 2021, Beltrand Ngono Awono et Auguste Sedze qui croupissent à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis 8 mois, ont donné leurs versions des faits devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi. Ils ont rejeté le tort sur un certain Bayano qui ne comparaît pas. Ils estiment que ce dernier est le cerveau de l’affaire qui les a conduits devant la justice. Dans sa prise de parole, M. Sedze Auguste a dit être tombé dans les mains d’hommes en civil qui se présentaient comme des gendarmes au lieu-dit Bata-Nlongkak. Il explique que c’est à la suite d’une altercation que son adversaire a alerté les hommes en tenue qui l’ont immédiatement conduit dans son domicile pour une perquisition. «Les gendarmes n’ont trouvé dans mon domicile que des bics et ont conclu que c’est avec ce matériel que j’imite les signatures des personnalités», a-t-il confié.
Beltrand Ngono Awono, a, quant à lui, ouvert son exposé en reconnaissant qu’il y a belle lurette qu’il a tourné le dos aux faits de faux qui lui sont reprochés. Il se retrouve dans cette affaire dont il ne mesurait pas la gravité, selon lui, à cause d’une sollicitation d’un certain Kareka qui avait besoin de cinq timbres. «Je me suis adressé à Bayano qui m’a remis les timbres en question dans une enveloppe scellée. L’affaire a tourné au fiasco quand le fils de ma voisine, Kareka et moi avons été arrêtés et gardés à vue à la brigade de gendarmerie de Nlongkak. J’ai demandé qu’on libère l’enfant de ma voisine parce qu’il était innocent», a déclaré l’accusé. Il a ajouté que Kareka avec qui il était dans la cellule obtiendra sa libération pour avoir donné la somme de 500 mille francs aux gendarmes. Le malheur de M. Ngono Awono, dit-il, est de n’avoir pas permis aux enquêteurs de mettre la main sur Bayano, supposé propriétaire des machines et documents litigieux découverts dans le domicile de ce dernier au quartier Emana.
Dans ses réquisitions, la représentante du parquet a déclaré que les accusés sont de mauvaise foi. «Ils ont nié les faits mis à leur charge après des aveux complets lors de l’enquête préliminaire. Aujourd’hui, ils les ont imputés à un certain Bayano qui est un personnage imaginaire. Les faits sont constants, ils ont été trouvés en possession des machines et de faux documents», a déclaré la magistrate. Elle a demandé au tribunal de déclarer les deux accusés coupables des faits qui leur sont imputés. Beltrand Ngono Awono et Auguste Sedze seront fixés sur leur sort le 2 novembre 2021.