Par Marie Bahané (Stagiaire) welaomari@gmail.com
Après plus de 40 ans de vie commune avec Eliane, Grégoire, pasteur d’une église de réveil, est à deux doigts de mettre un terme à un lien sacré que Dieu a établi pour la vie. «Le disciple de Jésus» comme il aime bien se faire appeler s’est présenté devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi le 16 septembre 2021. Il est l’auteur d’une requête aux fins de nullité de mariage devant cette juridiction. En effet, Grégoire dit vouloir se séparer d’Eliane, son épouse et mère de ses enfants pour refaire sa vie avec une autre femme. Cette dernière l’a d’ailleurs accompagné à l’audience de ce matin aux côtés de Joana, la fille qu’il a eue avec Eliane.
Vêtu d’un ensemble veste de couleur noire, Grégoire transportait une mallette remplie de documents qu’il faisait sortir tout au long du procès comme pièces à conviction pour soutenir son accusation devant le tribunal. Au final, il n’en a produit aucune. À l’appel de son dossier, l’homme de Dieu s’est précipité devant la barre faisant un signe de la main aux dames qui l’accompagnaient. «Monsieur, pourquoi avez-vous saisi le tribunal» ? interroge le juge. Le plaignant, d’un air fâcheux a pris quelques minutes avant de répondre : «Monsieur le président, je ne veux plus d’une femme qui refuse de préparer pour me nourrir. Elle ne veut pas me faire la cuisine. Je ne mange pas. Je meurs de faim», a-t-il retorqué. Ni Joana sa fille, ni la dame qui l’accompagnait n’a prononcé aucun mot.
Mission pastorale
Grégoire a expliqué avoir mené une vie commune avec Eliane après leur mariage de plus de 40 ans. Cette union qu’il appelle «premier mariage» a été célébrée à Bandjoun, son village natal. Le pasteur dit avoir été contraint d’épouser Eliane par sa congrégation religieuse, qui, à la fin de sa formation, aurait exigé qu’il soit marié. «C’est ainsi que j’ai pensé à Eliane une fille que j’ai connue dans ma jeunesse et avec laquelle je sortais avant d’entrer en formation pastorale.» Ce souvenir a été ravivé en 1980, année de leur mariage placée sous le régime de la monogamie et la communauté des biens. Grégoire soutient en outre que dans l’exercice de sa mission pastorale, il a été affecté à Yaoundé en qualité de pasteur principal dans une des églises de leur Congrégation. Le jeune couple s’est alors installé dans un appartement qui leur avait été alloué à cet effet.
Selon le «disciple de Jésus», sa femme a été victime de toutes sortes d’injures lorsque leur premier enfant tardait à venir au monde. Elle était traitée de femme stérile entre autres. Grande était la joie de la famille et de toute sa communauté chrétienne lorsqu’elle a enfanté Joanna en 1995. C’était en même temps le début de ses déboires conjugaux. «Mon épouse avait changé de comportement. Elle était devenue agressive et rebelle face aux reproches qui lui étaient constamment faites», a confié le prélat.
Tentation du diable
Poursuivant son témoignage, le plaignant a déclaré que Eliane n’assiste plus aux réunions de familles encore moins aux rencontres de l’Eglise. Les multiples tentatives de réconciliation initiées par les membres de leurs deux familles et les membres du conseil pastoral dans l’espoir de faire revenir sa femme à de meilleurs sentiments ont été vaines. «J’ai cru que c’était la tentation du diable et que je pouvais encore supporter. Mais plusieurs années sont passées, et la situation ne faisait qu’empirer. En 2016, elle a arrêté de faire la cuisine sans explication. C’est ma fille qui préparait. Joanna s’est mariée 2019. C’est moi qui ai pris la relève», s’est-il plaint. Grégoire souligne également que Eliane fait la sourde oreille face à ses multiples reproches. Il a évoqué des scènes de violences physiques et d’incompatibilité d’humeur qui règne dans son foyer.
«Depuis le changement de comportement d’Eliane, je ne reconnais plus ma douce, tendre et aimable bien aimée qui avait ravi mon cœur depuis ma jeunesse. À nos débuts, elle me couvrait de véritables marques d’amour sincère. Je ne sais pas ce qui a changé mon épouse», s’est lamenté Grégoire avant d’ajouter qu’avec l’exercice de son métier, il ne disposait plus du temps pour s’offrir des délicieux plats. D’où son envie démesuré de prendre une autre épouse à 70 ans pour refaire sa vie. «Je me sens encore jeune. Je dois refaire ma vie avec une autre femme que j’aime car je suis fatigué de cette situation», a-t-il conclue son propos. L’affaire a été renvoyée au 1er octobre 2021 pour communication le dossier de procédure au ministère public pour ses réquisitions.