Par Marie Bahané (Stagiaire) – welaomari@gmail.com
M. Lob Touing Justin est loin de laisser derrière lui les souvenirs des deux mois de travail qu’il a passés chez M. Tsala Patrick, un militaire. Particulièrement la nuit du 21 au 22 août 2020 pendant laquelle trois individus non identifiés s’étaient infiltrés dans la concession de son employeur alors qu’il venait de rentrer d’une mission. Un forfait que l’homme en tenue impute au vigile en l’accusant d’être de mèche avec les assaillants. D’où le motif d’accusation de complicité de vol en coaction porté à l’encontre du jeune gardien. Alors que les assaillants restent introuvables, Justin Lob Touing a comparu seul à l’audience du 26 janvier dernier consacrée à l’ouverture des débats en la présence du plaignant M. Tsala Patrick qui a déposé comme témoin de l’accusation.
Il ressort de la relation des faits du ministère public, corroborée par M. Tsala dans son témoignage, que la nuit de 21 au 22 août 2022 au quartier Emana à Yaoundé, pendant que le patron de l’accusé rentrait d’une mission, il a été neutralisé par deux individus portant une arme à feu au moment de sortir de sa voiture. Pendant que les autres brigands lui demandaient de leur remettre la clé de son véhicule, le troisième assaillant se chargeait du vigile qui refermait le portail. C’est ainsi que le patron et son employé ont été trainés à l’intérieur de la maison où ils ont été ligotés ainsi que l’épouse de M. Tsala qui s’y trouvait. Les cambrioleurs, qui prétendaient être envoyés par une tierce personne pour tuer le militaire, affirmaient avoir reçu des renseignements selon lesquels ce dernier était en possession d’une importante somme d’argent. C’était la raison de leur présence chez lui.
Une information qu’il dit avoir contestée en indiquant qu’il n’avait que la somme de 100 mille francs dans son compte Orange money. Irrités, les brigands s’étaient emportés, entre autres, les téléphones, un téléviseur et une mallette qui se trouvait à la malle-arrière de son véhicule avant de prendre la fuite.
Mysticisme
L’homme en tenue raconte avoir été libéré par son épouse, médecin, qui avait réussi à ramper jusqu’au niveau de sa trousse médicale et couper les cordes avec sa paire de ciseau. Et c’est lui qui a, son tour, délié son gardien. Sauf qu’une fois libre, ce dernier avait disparu dans la nature. À la question de savoir, qu’est-ce qui lui a permis d’identifier le prévenu comme faisant partie de cette bande, Patrick Tsala révèle l’un des trois assaillants ressemblait au cousin de son employé. Ce dernier exerce le même métier au domicile de sa mère situé dans un autre quartier. Se revendiquant, en plus, d’être chrétien pratiquant, il dit avoir consulté la bible en prononçant les noms des personnes de son entourage. Selon lui, en prononçant les noms de son gardien et celui de son cousin, la bible aurait tourné. C’est ainsi qu’il aurait déduit que les deux personnes étaient de connivence dans le forfait.
M. Lob Touing Justin a nié, quant à lui, les faits qui lui sont reprochés. Contrairement à son audition à l’enquête préliminaire et à l’information judiciaire où il a fait recours au service d’un interprète, le 26 janvier 2022 devant, il était seul à se défendre autant qu’il pouvait dans la langue française qu’il ne maîtrise pas. Dans ses déclarations, le vigile affirme avoir été sous la menace des brigands lorsqu’il refermait le portail au retour de son patron pendant que les deux autres individus menaçaient le militaire. Il déclare ne connaître aucun assaillant et explique sa fuite par le fait d’avoir été traumatisé par cette agression. «J’ai eu peur que les bandits ne reviennent et qu’ils ne me tuent. C’est par crainte que je suis parti», s’est-il justifié.
Les déclarations de l’accusé n’ont pas convaincu le représentant du parquet, qui a demandé que ce dernier soit déclaré coupable des faits de complicité qui lui sont imputés. L’avocate du détenu, bien que se montrant compatissante au sujet des violences subies par M. Tsala, estime qu’il n’y a pas de preuves suffisantes qui permettent de déclarer son client coupable des faits qui lui sont reprochés. Elle explique que l’accusation n’a pas produit des pièces qui accablent son client. Le plaignant s’est contenté de simples paroles a-t-elle précisé. Le vigile sera fixé sur sa culpabilité ou non le 23 février prochain, date de la prochaine audience.