M. Ndjana Pascal, officier de gendarmerie à la retraite, est dans les sales draps. Les membres de son association «l’Asobeba» dont il était le président à l’époque des faits, l’accusent d’y avoir inscrit femme et enfants, dans le but d’obtenir des prêts de fortes sommes d’argent, qui n’ont pas été remboursées jusqu’à ce jour. Ils lui reprochent également d’avoir décaissé d’importants fonds pour la tenue supposée d’une assemblée générale, qui en réalité n’a jamais eu lieu. L’accusation évalue le montant global du préjudice à 25 millions de francs. Ces faits ont été qualifiés d’escroquerie. Placé en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis trois ans, le mis en cause est en jugement devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif. À l’audience du 22 avril dernier, M. Ndjana Pascal a plaidé non coupable des faits qui lui sont reproché en présence de certains membres de l’Asobeba.
Le mis en cause, qui se présente comme un officier de la gendarmerie à la retraite, a déclaré au tribunal que son épouse et lui-même sont membres de l’Asobeba depuis l’an 2000. Quatre ans plus tard, il a été désigné trésorier général de cette association. Et sur la base de cette confiance dit-il, le 11 janvier 2015, il a été porté à la tête de l’Asobeba à l’unanimité de tous les membres. Il soutient que sa femme et lui-même ont eu à emprunter de l’argent dans cette association, et l’ont toujours remboursé dans les délais. « Il faut avoir 18 ans pour être membre de l’Asobeba. C’est ainsi qu’au fur et à mesure que mes enfants atteignaient cet âge-là, je les inscrivais dans l’association. L’objectif était de les initier à avoir un esprit associatif» a-t-il confié.
Sorcellerie
L’ancien président de l’Asobeba relate en outre que pour bénéficier d’un crédit auprès de cette association, les membres doivent non seulement être à jour dans leurs caisses secours, transport et autres, mais aussi avoir une certaine somme dans la caisse d’épargne. Les demandes de crédits sont examinées pendant la réunion par le bureau exécutif, qui décide d’octroyer ou non le prêt à un membre. «Je ne pouvais pas personnellement m’octroyer un crédits, ni à ma femme où à l’un de mes enfants. Ma famille était éligible et avait souvent bénéficié des prêts et cela n’avait jamais posé de problème» L’homme en tenue à la retraite reconnait néanmoins que sa famille a emprunté la somme de 10 millions de francs auprès de l’Asobeba qui n’a pas encore été remboursée jusqu’à ce jour .
En ce qui concerne les sommes qu’on l’accuse d’avoir détourné pour l’organisation supposée d’une assemblée générale de l’association, M. Ndjana Pascal a souligné qu’en septembre 2018, son trésorier général avait été victime d’un accident de la circulation et avait bénéficié de trois mois de repos. C’est ainsi que pendant l’absence de ce dernier, il avait aussi substitué le trésorier adjoint, qui était également tombé malade. Le mis en cause dit avoir alors décaissé les sommes de 6 millions et 4,5 millions de francs représentant respectivement les recouvrements des prêts contactés par certains membres de l’association et l’argent des différentes tontines. «L’assemblée générale m’avait autorisé à sortir cet argent pour le remettre aux bénéficiaires des tontines, en attendant de le récupérer lors de la cassation prévue au mois de janvier. Une partie de cet argent avait également servi aux cérémonies de mariage d’un couple membre de l’Asobeba et à deux autres manifestations», a révélé l’accusé avant d’ajouter: «Je reconnais devoir 10 millions à mon association et je compte rembourser cet argent. J’ai engagé la procédure de vente de l’un de mes terrains, sauf que personne n’est intéressée par l’offre. Mon titre foncier a été mis en gage dans une unité de gendarmerie suite à une plainte singulière déposée contre moi par M. Ayena, mon parrain à l’Asobeba. Ce dernier me réclame 2,5 millions de francs. On dirait que je suis victime de sorcellerie». L’affaire revient le 27 mai 2022 pour la suite des débats.