Par Jacques Kinene – jkine7@yahoo.fr
L’obtention de la Carte nationale d’identité (CNI) et le passeport est encore un casse-tête chinois. Les tractions autour de la confection de ces documents continuent à faire des victimes. M. Penda fait partie de celles-là. Pour s’être passé pour un commissaire de police dans le but d’extorquer des fonds à une famille à la quête des passeports, il médite aujourd’hui sur son sort à la prison centrale de Yaoundé Kondengui en attendant la décision du juge du Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif qui a clos les débats le 29 avril 2021, dans l’affaire qui l’oppose ce dernier à la famille Odjong basée aux Etats-Unis d’Amérique (USA).
En effet, il est reproché à M. Penda d’avoir exigé plus de 1,2 million de francs à Raphael Odjong en séjour au Cameroun pour lui faciliter le renouvellement de six passeports lui permettant ainsi qu’aux membres de sa famille de rejoindre les USA. Pour convaincre le demandeur à lui remettre les sous, il s’est présenté à lui comme étant un haut fonctionnaire de la police camerounaise. Pour l’accusation, M. Penda a usurpé un titre pour arnaquer les Odjong en les dépouillant d’importants fonds largement au-dessus de ceux pratiqués pour l’obtention des passeports. Pis, les raccourcis empruntés et les malversations engagées par le mis en cause dans les services de police en charge des passeports ont finalement crée des déboires à M. Odjong Raphael et sa famille. C’est lorsque le pot-aux-roses a été découvert que M. Penda sera interpellé pour répondre des faits d’escroquerie.
Le 29 avril, M. Penda a présenté sa défense devant la barre pour les accusations retenues contre sa personne. Il a dit avoir fait la connaissance de Raphael Adjong à travers son frère Peter Adjong, un ami de longue date à Douala où ils résidaient. Il explique que M. Adjong Raphael qui venait des Etats-Unis en passant par le Nigéria avait à tout prix besoin des passeports camerounais. «Compte tenu des difficultés à s’exprimer dans la langue française, le frère à mon ami a sollicité mon appui pour l’établissement de 6 passeports. Mais la tâche était difficile étant donné qu’ils n’avaient pas de carte nationale d’identité qu’il fallait d’abord obtenir avant de poursuivre les autres opérations», a déclaré M. Penda.
Le 29 mars 2020, le mis en cause dit s’être rendu en compagnie des Adjong à la direction de la police des frontières. N’étant pas disposé à les recevoir, le responsable nouvellement nommé à cette unité, les aurait renvoyés au service régionale Emi-Immigration du Centre où ils ont introduit 6 dossiers de demande de passeport. Il fallait également se rendre à la Sous-préfecture pour la confection des pièces devant servir à l’obtention des CNI. Deux semaines après, M. Penda a déclaré que les dossiers qui étaient déjà très avancés avec la prise de vue et des empreintes des concernés, n’étaient pas encore bouclés à cause des tracasseries policières. Une situation qui a commencé à créer le doute dans l’esprit des Adjong notamment sur l’efficacité et la sincérité de leur facilitateur. Le dossier sera sur la table du Délégué général à la sûreté nationale, M. Mbarga Nguelé. M. Penda a expliqué que le patron de la police a dit qu’il avait interdit l’intervention des intermédiaires dans l’établissement des CNI et des passeports parce que ces derniers créent des malversations de toutes sortes autour de ces documents. « Néanmoins, il a ordonné la délivrance de 5 passeports et le dossier du fils mineur de M. Adjong sur la base des reçus de paiements des timbres et autres. Je n’avais aucun intérêt dans cette affaire. Je voulais aider une famille en difficulté et nous avons convenu ensemble sur le montant qu’il m’a remis » a clamé M. Penda. Pour ce dernier, les dossiers ont été bien confectionnés et les passeports livrés aux Adjong, il n’y avait donc pas des raisons qu’il soit interpellé et renvoyé en jugement.
La représentante du parquet a été très sévère envers M. Penda. Elle a qualifié ce dernier d’imposteur, d’escroc et d’usurpateur qui a dépouillé les Adjong de fortes sommes d’argent en passant pour un policier. «Il s’entremêle dans ses déclarations et est incapable de justifier les dépenses effectuées avec les fonds qui lui ont été remis», a noté la magistrate avant de requérir la culpabilité du mis en cause. Le juge en charge du dossier qui a clos les débats, compte se prononcer le 31 mai 2021.