Un ancien otage des sécessionnistes accusé de non dénonciation

Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com Dieudonné Fomun Enyong alias HP médite désormais sur son sort à la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Accusé de non dénonciation, défaut de carte nationale d’identité (CNI) et détention et consommation de stupéfiants, le jeune homme de 25 ans, originaire de la région du Sud-Ouest, a été renvoyé en jugement devant le Tribunal militaire (TM) de Yaoundé. Le 14 mars 2024, les débats ont été ouverts dans cette affaire en présence du mis en cause, qui reconnais les infractions de non dénonciation et de défaut de CNI mais nie être un détenteur et consommateur de stupéfiants. C’est suite à une dénonciation anonyme que Dieudonné Fomun Enyong alias HP a été interpelé et puis écroué à Kondengui. Selon les faits tels que relatés par le commissaire du gouvernement, c’est au cours d’un voyage que le dénonciateur anonyme a reconnu l’accusé comme ayant appartenu à un groupe sécessionniste basé dans la localité de Moungo, région du Sud-Ouest. Faisant suite à cette dénonciation, Dieudonné Fomun Enyong alias HP a été apostrophé par les éléments du service spécial de recherche et mis à la disposition de la police judiciaire le 12 décembres 2022. Au moment de son interpellation, l’accusé était dépourvu de sa carte nationale d’identité et avait en sa possession une quantité importante de stupéfiants destinée, semble-t-il à sa propre consommation. Témoignage accablant Au cours de l’enquête, le mis en cause a déclaré qu’entre 2017 et 2018, alors qu’il vaquait paisiblement à ses occupations dans son village natal dans la région du Sud-Ouest, il a été kidnappé par un groupe sécessionniste et a séjourné dans le campement dudit groupe pendant plusieurs mois. Il a été contraint de devenir le communicateur du groupe. Lorsqu’il a réussi à s’échapper, il s’est réfugié pendant un certain temps à Douala, puis dans la localité de Sangmelima. Il a été interpelé à Yaoundé alors qu’il venait d’être recruté comme manutentionnaire dans une agence de voyage. Dieudonné Fomun Enyong a toutefois reconnu au cours de l’enquête préliminaire que depuis qu’il a recouvré sa liberté, il s’est abstenu de dénoncer les activités des sécessionnistes aux autorités compétentes. Concernant l’infraction de défaut de carte nationale d’identité, Dieudonné Fomun Enyong a soutenu qu’il a égaré sa pièce d’identité. Pourtant, à l’époque des faits, ce dernier, né le 20 mai 1999, était âgé de plus de 22 ans. Pour ce qui est de l’accusation de détention et consommation de stupéfiants, Dieudonné Fomun Enyong a reconnu les faits au cours de son interrogation devant le juge d’instruction. Il a expliqué que c’est au regard des situations difficiles qu’il traverse à Yaoundé qu’il s’est lancé dans la consommation des stupéfiants. Chose curieuse : au cours de l’audience publique de son procès, Dieudonné Fomun Enyong s’est rétracté de cette infraction et plaidé non coupable. Il s’est défendu en prétendant que c’est au cours de la perquisition du lieu où il logeait à Yaoundé avec ses amis que les enquêteurs ont trouvé ces derniers entrain de consommer du cannabis et en ont déduit qu’il consomme aussi ces substances. Pour le confronter dans ses déclarations, le commissaire du gouvernement, avec l’autorisation du tribunal, a lu un extrait du témoignage du chef de l’agence dans laquelle Dieudonné Fomun Enyong a exercé comme manutentionnaire. Ce dernier a indiqué que l’accusé a été recruté dans cette agence de voyage sans dossier par son prédécesseur, et qu’il a remarqué au moment de sa prise de fonction que le mis en cause était insolent et consommait régulièrement de la drogue. Malgré ce témoignage, Dieudonné Fomun Enyong est resté sur sa position. Le commissaire du gouvernement a requis sa culpabilité pour tous les chefs d’accusation retenus à son encontre et la décision du tribunal est attendue le 9 mai 2024, date de la prochaine audience.

Un ancien otage des sécessionnistes accusé de non dénonciation

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