Par Marie Bahané (Stagiaire) welaomarie@gmail.com
Les richesses culturelles du Royaume Bamoun attirent encore la convoitise de nombreux étrangers. Ce constat est tiré d’une affaire dans laquelle la somme de 310 millions de francs a été engagée par M. Yassir Suliman, un homme d’affaires américain d’origine soudanaise, pour l’achat des objets d’art des «Antiquité des chefferies supérieures de l’Ouest Cameroun. Sauf qu’en lieu et place desdits objets d’arts, des pierres ordinaires lui ont été expédiés par ses partenaires d’affaires qu’il a connu à travers les réseaux sociaux. Une enquête ouverte par une unité de gendarmerie de Douala a permis d’interpeller M. Abdel Aziz Nchankou tombé dans un traquenard qui lui avait été tendu dans une agence d’Ecobank où M. Yassir Suliman avait viré d’autres fonds. Son compagnon M. Ngamli Arouna sera arrêté par la suite. Les deux acolytes qui méditent sur leur sort à la prison Centrale de Yaoundé-Kondengui depuis le 29 décembre 2020, ont été traduit devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé, centre administratif pour répondre des faits d’escroquerie en coaction.
Selon l’accusation, les accusés se sont servis des identités qui ne sont pas les leurs dans le but de tromper la vigilance de leur interlocuteur. Le 3 juin 2021, M. Yassir Suliman, s’est fait représenter devant le tribunal par M. Mabou, consultant en investissement, par ailleurs ancien postulant à la profession d’avocat.
M. Mabou, a expliqué que cette affaire remonte en 2019. Cette année-là, les parties qui ne se sont jamais vues, ont fait leur rencontre sur les réseaux sociaux à travers lesquels ils échangeaient via des messages électroniques. M. Mabou raconte que l’homme d’affaires américain qui ne se doutait de rien avait signé un contrat avec ses interlocuteurs qui avaient pris l’engagement de lui vendre 12 objets d’art des Antiquité des chefferies supérieures de l’Ouest Cameroun. Et pour le rassurer de l’authenticité des œuvres d’art qu’il se proposait acheter, les Camerounais promettaient de lui envoyer un certificat délivré par l’Unesco. Le mandataire explique que M. Yassir Suliman avait expédié 310 millions de francs en plusieurs tranches dont 290 millions de francs virés dans un compte domicilié à Ecobank appartenant aux Etablissements Cacao village dont les accusés M. Abdel Aziz Nchankou et Ngamli Arouna sont les promoteurs. Le reste, c’est-à-dire le montant de 20 millions de francs avait été expédié par voie électronique.
Fausses antiquités
Sauf que M. Mabou révèle qu’à la réception des colis, M. Yassir Suliman s’est rendu compte que ce sont des pierres qui lui ont été envoyées par ses partenaires d’affaires. Face à la duperie dont il venait d’être victime, il a entrepris des recherches sur le Royaume Bamoun. Des recherches qui lui ont permis d’entrer en contact avec le Sultan Mbombo Njoya. Il raconte que l’homme d’affaires avait demandé au Roi Bamoun à retrouver les imposteurs qui se sont présentés comme étant ses sujets de ce dernier. C’est ainsi que le Sultan Bamoun aurait fait une dénonciation auprès du Délégué général à la sureté nationale à travers une correspondance confidentielle. Dans la même lancée, le Roi des Bamoun mettra l’homme d’affaires américain en contact avec M. Mabou, pour le suivi de cette affaire au Cameroun, d’après les propres dires de ce dernier. Répondant aux questions des avocats de la défense, le mandataire de M. Yassir Suliman a indiqué que le Sultan Bamoun qu’il connaît depuis 20 ans est devenu son parent et non son ami.
Par ailleurs, M. Mabou explique que parallèlement, une plainte contre inconnu avait été déposée dans une unité de gendarmerie de Douala et c’est cette procédure qui se poursuit devant le TPI. L’enquête ouverte par cette unité permettra d’interpeller Abder Aziz Nchankou, promoteur des Ets Cacao Village qui était tombé dans un traquenard tendu dans une agence d’Ecobank où une autre somme en guise d’appât avait été virée par M. Yassir Suliman. C’est par la suite que son compagnon Ngamli Arouna sera mis aux arrêts.
Dans la suite de son exposé, le mandataire a révélé que lors de l’enquête préliminaire, les accusés avaient proposé de donner la somme de 8 millions de francs pour bloquer la procédure. Une proposition qui avait été rejetée par M. Mabou qui avait exigé la somme de 30 millions de francs de caution pendant que la procédure judiciaire suivait son cours. Le témoin de l’accusation a déclaré que M. Ngamli Arouna et M. Abdel Aziz Nchankou avaient pris l’engagement de rembourser les fonds querellés en expliquant qu’ils les avaient investis dans d’autres affaires. Il s’agit de 90 millions de francs placés dans une plateforme financière et 90 millions francs consacrés à l’achat des plaques, convertisseurs, et batteries solaires. La curiosité dans ce dossier c’est le fait que le plaignant qui a perdu d’aussi fortes sommes d’argent n’a jamais effectué un voyage au Cameroun et se contente de désigner un mandataire qui ne l’a jamais vu. La suite des débats de l’affaire est programmée pour le 15 juin 2021.