Mve Elemva poursuit son pasteur pour diffamation

Par Jacques Kinene - jkine7@yahoo.fr Les communautés religieuses ont déjà perdu le caractère sacré qui leur était autrefois reconnu. Elles sont devenues des milieux où tous les coups sont permis. Des sortes de niches de querelles intestines, guerres de positionnement et règlements des comptes similaires à ce que l’on vit régulièrement dans les partis politiques. L’Eglise presbytérienne reformée du Cameroun n’échappe pas à ce constat au regard des batailles qui opposent, depuis de nombreuses années, les membres de cette congrégation religieuse. Les déchirures entre ses membres ont souvent engendré d’interminables procès devant les juridictions du pays. Ces déchirures sont à l’origine de la multiplications des assemblées générales pendant lesquelles chaque camp veut tirer la couverture de son côté en traitant les autres de dissidents. L’affaire de diffamation opposant M. Mve Elemva Emmanuel à Louis Martial Eto et Georges Mabanda illustre bien la situation. M. Mve Elemva Emmanuel, président du Conseil régional du Sud, est le président du comité des sages de l’Eglise presbytérienne reformée du Cameroun. C’est donc d’un membre influent de l’église qu’il s’agit. M Eto Louis Martial y officie comme pasteur dans la communauté du quartier Anguissa à Yaoundé et M. Mabanda Georges porte le titre d’«ancien de l’église». Emmanuel Mve Elemva a traîné ces deux derniers devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif pour se plaindre des propos diffamatoires dont il aurait été victime de la part des mis en cause. Les parties au procès étaient présentes à l’audience du 6 septembre 2023. M. Mve Elemva Emmanuel était le seul à prendre la parole pour expliquer les raisons qui l’ont poussé à traduire trois membres de son église devant la justice. Il a précisé dès l’entame de son témoignage qu’il avait assumé auparavant les fonctions de vice-président de l’Eglise presbytérienne reformée du Cameroun, puis celles de président par intérim à la suite du décès du titulaire de ce poste, le pasteur Ngomo. C’est à la fin de l’intérim qu’il avait été porté au poste de président du comité de sage qu’il occupe jusqu’à ce jour, à la suite d’une assemblée générale tenue à Ebolowa. Le plaignant a expliqué que les faits de diffamation dont il se plaint se sont passés à Yaoundé le 23 mars 2021. Ceux-ci, dit-il, ont été publiés dans les différends forums de l’église et sur le réseau social Facebook. Il a ajouté que certains membres de son église parmi lesquels le pasteur Eto Louis Martial et M. Mabanda Georges l’ont accusé d’appartenir à une société ésotérique qualifiée de dangereuse dans laquelle on retrouve plusieurs autres hautes personnalités du Sud. Il a raconté avoir été informé de ces propos diffamatoires par d’autres responsables de l’église. Ses détracteurs, d’après lui, seraient allés plus loin en déclarant que leur église avait été sauvée des mains d’un démon au moment où il avait quitté la présidence par intérim de cette organisation religieuse. Il a noté que ces mêmes personnes avaient prétendu qu’il avait corrompu le préfet du Mfoundi dans le but qu’il scelle l’église du quartier Anguissa à laquelle elles appartiennent. Assemblée générale des dissidents Poursuivant son témoignage dans la phase du contre interrogatoire, M. Mve Elemva Emmanuel a répondu à l’avocat de la défense que l’assemblée générale de Zoatele, dont il fait allusion, avait été organisée par des dissidents malgré l’interdiction de l’autorité administrative. Revenant sur les faits de diffamation à l’origine de la procédure judiciaire, le plaignant a confirmé que le pasteur Eto Louis Martial avait propagé à travers les forums de l’église et sur le réseau social Facebook qu’il avait corrompu le préfet du Mfoundi pour obtenir la fermeture de l’église du quartier Anguissa. Au soutien de son argumentaire, le président du conseil des sages a fait mention du document confectionné par l’Agence nationale des technologies de la communication (Antic), l’organe spécialisé dans l’authentification des messages électroniques, qui démontre que les mis en cause sont les auteurs de faits décriés. Ce document qui existe dans le dossier de procédure, dit-il, avait été sollicité et obtenu par la police judiciaire au cours de l’enquête préliminaire. «Ces personnes veulent jeter du discrédit sur ma personne et bloquer toutes les actions que je veux entreprendre dans la légalité. Je précise que les propos tenus dans les forums de l’église par les mis en cause ne peuvent pas être considérés comme des discutions entre les membres de l’église étant donné que je n’interviens pas dans ces différents canaux», a-t-il déclaré. A la question de l’avocat de la défense de savoir ce qu’il reproche précisément à M. Mabanda Georges, le plaignant a indiqué que ce dernier avait affirmé qu’il appartient à une société ésotérique et la confirmation de ses déclarations est contenue dans un support sonore qui peut être mis à la disposition de la justice. Interrogé sur la date du 20 mai qui avait été portée sur le procès-verbal de l’enquête policière, comme étant la date à laquelle il avait été auditionné à la police judiciaire à Yaoundé alors qu’il était censé, en sa qualité de président du conseil régional du Sud, participer au défilé de la fête nationale à Ebolowa, son avocat s’est immédiatement interposé en notant que son client ne peut pas donner une réponse à une telle préoccupation parce qu’il n’est pas l’auteur du PV contesté. Il pense qu’une erreur se serait glissée dans ce document. Et M. Mve Elemva Emmanuel de renchérir que «ce qui est sûr, j’avais été interrogé à la police en même temps que les mis en cause. Mais je ne me souviens plus du jour où cette audition s’est tenue». Un peu embarrassé par les questions de l’avocat de la défense, le plaignant a mis un terme à son témoignage. L’affaire a été renvoyée au 4 octobre 2023, date de la prochaine audience, audience au cours de laquelle Louis Martial Eto et Georges Mabanda, qui nient les faits mis à leur charge, comptent présenter leurs arguments de défense.

Mve Elemva poursuit son pasteur pour diffamation

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