Les deux employés de qui conspiraient contre la CCA Bank

Par Odette Melingui - odettemelingui2@gmail.com L’affaire qui oppose le Crédit Communautaire d’Afrique (CCA) à M. Eyoum Aurélien, son ex-employé, et Maurice Ndoumbe Bebey, a connu un dénouement le mardi 22 octobre 2024. Les mis en cause, qui comparaissent libres, sont accusés, de concert avec d’autres personnes non identifiées et en fuite, d’avoir tenté de spolier la banque de ses avoirs. Cette tentative a échoué grâce à la dénonciation d’un autre employé de la CCA. Les faits, initialement qualifiés d’abus de confiance aggravé, ont été requalifiés en conspiration au cours de l’audience. La juge du Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi, qui connaissait de cette affaire, n’a pas été convaincue par les arguments des accusés, qui ont toujours clamé leur innocence depuis le déclenchement de cette procédure. Ainsi, M. Eyoum Aurélien et Maurice Ndoumbe Bebey ont été déclarés coupables tous les deux des faits de conspiration et ont écopé chacun de 18 mois de prison ferme. Ils devront en outre s’acquitter de la somme de 136 mille francs représentant les frais générés par cette procédure (à déterminer). Le tribunal a en outre décidé de condamner les mis en cause à payer à la CCA Bank, partie civile dans cette affaire, la somme de 4 millions de francs au titre du préjudice subi. La banque avait sollicité une réparation à hauteur de 10 millions de francs, demande que le tribunal a jugée excessive. Rappelons qu’à l’audience du 19 juillet 2024, le représentant du ministère public, dans ses réquisitions finales, avait demandé au tribunal de déclarer les accusés coupables de l’infraction de conspiration. Le parquet soutenait qu’au regard des déclarations du témoin de l’accusation et des messages WhatsApp versés au dossier de la procédure, il apparaissait que des concertations avaient eu lieu entre plusieurs personnes prêtes à agir au moment propice pour s’attaquer aux avoirs de la banque. Pour le parquet, aucun élément ne milite en faveur de l’acquittement des accusés. L’avocat de la CCA a partagé la position du ministère public et a annoncé la constitution de son client comme partie civile au cas où M. Eyoum Aurélien et Maurice Ndoumbe Bebey étaient déclarés coupables. Une institution dangereuse Pour l’avocat de M. Eyoum Aurélien, aucun élément matériel ni intentionnel n’a été présenté par la banque pour soutenir l’accusation. Il a expliqué que son client était stagiaire à la CCA Bank au moment des faits, et que le motif de l’aggravation de l’infraction ne peut pas prospérer. Me Sack, avocat de Maurice Ndoumbe Bebey, a quant à lui indiqué que la CCA est une institution dangereuse dans l’épargne au Cameroun. Selon l’homme en robe noire, ce n’est pas parce qu’il y a eu entente qu’il y a forcément conspiration. Il n’y a pas eu de commencement d’exécution des faits prétendument projetés par les mis en cause. À l’origine de cette affaire, une dénonciation d’Yvan Jules Mindieme, contrôleur stagiaire à la CCA Bank au moment des faits. Ce dernier a déclaré lors de son passage devant le tribunal qu’il est membre d’un groupe WhatsApp dénommé "Royale Times". Ce forum regroupe plusieurs personnes qui discutent de divers sujets. C’est ainsi qu’en début du mois de décembre 2022, un certain Kevin le Lion, dont il ignore l’identité, a fait une communication dans le forum demandant aux membres s’ils étaient en possession des cartes interbancaires Gimac-CCA. Cette carte est délivrée aux personnes disposant ou non d’un compte bancaire logé à la CCA et permet un accès aux services monétiques. «Je me suis signalé et Kevin le Lion m’a invité à une discussion en privé. Il utilisait un numéro étranger. Il m’a ensuite mis en contact avec son ami qui vit au Cameroun. Ce dernier devait en principe m’expliquer la démarche à suivre» , avait-il déclaré au cours de son témoignage devant le tribunal. Le témoin explique que l’ami de Kevin le Lion lui a expliqué qu’ils avaient besoin de plusieurs cartes Gimac-CCA, le projet étant de faire des virements sur ces cartes à hauteur de 200 millions de francs pour chacune. Les personnes ayant mis leurs cartes à disposition pour la réussite de cette opération devraient recevoir en compensation de leur collaboration, 20% du montant perçu, soit 40 millions de francs. Pour ce faire, l’ami de Kevin le Lion lui a demandé une photo de sa carte Gimac-CCA reliée par un bout de papier où il devait inscrire la date du jour, le ticket d’un distributeur et un relevé d’identité bancaire. Il l’a ensuite conseillé de vider son compte pour ne pas être spolié au moment de l’approvisionnement. Lorsqu’il s’est rendu compte que Jules Mindieme était sceptique à ses exigences, il l’a rassuré en lui envoyant les photos des cartes bancaires ayant déjà effectué cette opération. Le guet-apens Parmi les 15 photos des cartes expédiées, se trouvait celle de M. Eyoum Aurélien, un employé de la CCA Bank, agence de Minboman à Yaoundé, à l’époque des faits. «Quand je l’ai informé que je travaillais dans cette banque, il m’a aussitôt répondu que c’était une opération bien organisée et que certains personnels de la banque étaient impliqués. Je lui ai envoyé tous les documents qu’il a demandés et il était question que la banque approvisionne ces cartes-là. L’opération devait se faire le weekend.» Malheureusement, la communication entre l’ami de Kevin le Lion et le témoin s’est interrompue lorsque les billets de banque ont été changés et l’opération a été compromise. Informée de ces combines, la direction générale de la CCA s’est saisie de l’affaire et une enquête a été ouverte à la direction de la police judiciaire. Un guet-apens a alors été mis sur pied au sein de la banque, et M. Eyoum Aurélien a été interpellé. Au cours de son audition, il a déclaré que c’était son cousin installé à l’étranger, qui lui aurait demandé sa carte bancaire. Le numéro de l’ami de Kevin le Lion a été tracé par les enquêteurs et il a été prouvé que celui-ci appartenait à Maurice Ndoumbe Bebey. C’est après cette enquête que les deux mis en cause ont été interpellés et conduits devant le collège des juges du TGI du Mfoundi pour être jugés des faits d’abus de confiance aggravé, qui ont finalement été revus en ceux de conspiration.

Les deux employés de qui conspiraient contre la CCA Bank

DENOUEMENT. Impliqués dans un complot visant la banque, les employés du Crédit Communautaire d’Afrique (CCA) ont été déclarés coupables de faits de conspiration par le Tribunal de grande instance du Mfoundi. Ils ont écopé d’un an et demi de prison ferme.

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