La Cameroon Telecommu-nication (Camtel) est à la recherche de 314 cartes d’abonnés appelées dans le jargon technique Autocom. Ce matériel de marque Siemens était destiné au trafic internet et aux appels. D’une valeur marchande estimée à 158,3 millions de francs, ce stock a été emporté par des malfrats alors qu’il se trouvait entreposé dans la salle d’équipement du Centre de Transmission Nationale situé au quartier Voirie à Yaoundé.
Le forfait déploré qui a été commis en décembre 2020 est mis à la charge de quatre personnes inconnues du grand public, notamment Ladislas Rikam à Kiyeck, Pascal Hugues Bell Medouma, Guy Parfait Eyenga et Fabien Atangana Essomba. Les concernés étaient employés à la Camtel comme électronicien ou technicien d’intervention, excepté M. Rikam à Kiyeck, vigile au Centre de Transmission Nationale. Tous passent en jugement devant le Tribunal criminel spécial (TCS) pour s’expliquer sur une supposée coaction de détournement du montant déjà mentionné.
L’examen public de cette affaire a débuté le 23 septembre dernier. Cette audience n’a durée qu’une poignée de minutes parce que certains accusés n’avaient pas encore constitué des avocats pour assurer leur défense durant le procès. L’affaire est reportée au 24 novembre prochain. Le rapport de l’enquête judiciaire consulté par kalara permet de comprendre les faits à l’origine de cette procédure.
Cerveau du gang
Interpellés à la suite du coup de vol déploré, les mis en cause sont passés aux aveux complets pendant l’enquête policière. M. Atangana Essomba expliquait qu’ils avaient profité d’un déménagement effectué au Centre National de Transmission pour «ramasser» les cartes d’abonnés querellées qu’ils ont vendues au marché noir. Avant de se partager le produit de la vente. M. Eyenga indique qu’il était contraint de «soustraire les cartes qu’ils ont vendues afin d’entretenir sa petite famille». M. Medouma avait de son côté indiqué que ses compagnons d’infortune «quelques fois l’ont gratifié des sommes ou lui ont offert à boire et à manger après la vente des cartes soustraites au préjudice de Camtel».
L’accusation présente M. Rikam à Kiyeck comme le cerveau du coup de vol au centre du procès. Elle estime que cet accusé, qui assurait les fonctions de vigiles dans le service dévalisé, a facilité la commission du coup en profitant du relâchement du contrôle et autres mesures de sécurité dans ledit local dont il avait la charge de filtrer les entrées et sorties.
C’est un stratagème monté par Thomas Bindzi Evouna, également en service au Centre National de Transmission, qui a permis d’interpeler les accusés. Ce dernier raconte que le 1er décembre 2020, il avait pris son collègue Eyenga sortant du service tenant un sac en polystyrène communément appelé «sac Mbandjock». Lorsque l’affaire déclenche, il informe son collègue qu’il a gardé les photos dans son appareil. M. Eyenga l’a supplié de les effacer à maintes reprises. En vain.
Pendant l’information judiciaire, les accusés sont revenus sur leurs déclarations faites devant les officières de police judiciaire arguant les avoir tenues sous l’effet de la contrainte. Le juge d’instruction a balayé cette défense. Il a estimé, en renvoyant en jugement, que «la versalité qui rejaillit de leurs différentes dépositions est la preuve patente qu’ils ont agi de concert». Avant de conclure que le fait pour les accusés de dénoncer leurs collègues mis hors de cause relève de la «pure diversion». Boris Brice Ngueya et Prosper Amadou, également mis en cause lors enquêtes, ont été mis hors de cause (non-lieu). Les accusés sont incarcérés à la prison centrale de Yaoundé depuis près d’un an. Ils encourent jusqu’à la perpétuité s’ils sont reconnus coupables.