Par Marie Bahanéwelao (Stagiaire) – welaomari@gmail.com
M. Nkemba Junior, pasteur d’une église de réveil, ne sait plus à quel saint se vouer. Il s’est fait subtiliser la somme de 3 millions de francs destinés à la construction de son église. Il nourrissait l’ambition de construire une belle église parée d’or. C’est ainsi qu’il avait passé la commande du précieux métal auprès M. Nkamga Marcel. Ce dernier se présentait comme un expert dans la fabrication et la transformation de l’or dans un laboratoire dont M. Elomo Georges est promoteur. Sauf qu’après versement de la somme exigée, il n’a jamais obtenu l’or qu’il sollicitait. M. Nkemba Junior explique avoir obtenu les 3 millions de francs d’un emprunt contracté auprès de M. Bonfen Doumpte, un fidèle de son église.
Las d’attendre l’or ou le remboursement de ses fonds, le pasteur et son adepte ont décidé de saisir le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé-Centre administratif (CA) d’une plainte dirigée contre Marcel Nkamga et Georges Elomo qui méditent sur leur sort à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui.
À l’audience du 24 août 2021, les débats ouverts sur cette affaire depuis le 22 juillet dernier se sont poursuivis. Les plaignants ont expliqué au tribunal que les faits litigieux se sont déroulés en 2019. C’est un certain Assan qui a organisé leur rencontre au quartier Jouvence à Yaoundé. Au cours de celle-ci, le prétendu laborantin avait promis de livrer au pasteur la commande à condition qu’il débourse la somme de 3 millions de francs. Au terme d’une entente conclue entre le pasteur et M.Nkamga, une première tranche de 1,7million francs avait été remise à ce dernier par M. Bonfen Doumpte, une semaine plus tard. La deuxième tranche de 1,2million de francs sera remise aux accusés à l’Hôtel des Députés, la semaine suivante à la demande de M. Bonfen qui avait exigé la présence du promoteur du laboratoire, M. Elomo.
Ciment et sable
Les plaignants racontent qu’après avoir versé la totalité de la somme exigée, M. Nkamga leur a remis un sac contenant du sable et du ciment à la place de l’or. C’est à la maison que le pot aux roses a été découvert. Une enquête ouverte avait conduit à l’arrestation de M.Nkamga avant arrestation de M. Elomo.
Pour leur défense, les accusés ont nié les faits mis à leur charge. Si Marcel Nkamga a reconnu avoir dupé les plaignants, Georges Elomo, l’autre mis en cause, prétend quant à lui ignorer tout de cette affaire. M. Nkamga déclare que c’est un certain Assan, leur intermédiaire et vieille connaissance du pasteur, qui est le cerveau du forfait. Il est celui qui a remis le sac contenant le ciment et le sable. Il a reconnu avoir embarqué Georges Elomo, le prétendu propriétaire du laboratoire de transformation de l’or, dans cette affaire en lui proposant de se passer pour un laborantin en vue de convaincre le pasteur. Georges Elomo quant à lui, a clamé son innocence. Néanmoins, il a avoué avoir été présent lorsque son partenaire a perçu les fonds litigieux des plaignants. Il indique par ailleurs avoir bénéficié de la somme de 175 mille francs de ce pactole. Il explique que Nkamga lui avait dit qu’il s’agissait d’une avance d’un marché d’installation du courant électrique que ses partenaires d’affaires envisageaient de signer avec lui.
Des déclarations que le Ministère public a balayées du revers de la main avant de demander au juge de déclarer les mis en cause coupable des faits d’escroquerie qui leur sont reprochés.
Les avocats de Georges Elomo et Marcel Nkamga ont rejeté le tort sur la personne de Assan avant de demander que leurs clients soient relaxés étant donné qu’ils ont fait l’objet d’une manipulation. Ils reconnaissent du moins la culpabilité de Nkamga qui déclare s’être fait passer pour un expert. Le tribunal compte se prononcer sur la culpabilité ou non des mis en cause le 28 septembre 2021.