Par Jacques Kinene – jkinene3@gmail.com
Les inquiétudes persistantes émises par les avocats de la défense dès l’ouverture du procès public intenté contre le Pr Bruno Bekolo Ebe devant le Tribunal criminel spécial (TCS), semblent se justifier au fur et mesure que l’affaire avance. De fait, alors que le parquet dès l’ouverture du procès, annonçait fournir au tribunal, une liste des témoins, il n’a finalement présenté qu’un seul. Et l’une des grandes surprises dans cette affaire, c’est que l’agent comptable qui manipulait au jour le jour les fonds de l’université de Douala est totalement absent du procès. Pourtant, son témoignage au moins, aurait aidé le collège des juges à bien comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire. Par ailleurs, l’on continue toujours à se demander qui est le plaignant dans cette affaire ambiguë.
Le passage devant les juges de M. Etoundi François Xavier, qui fait office d’unique témoin du ministère public s’est achevé le 4 février 2019. Cet ancien chef du service de la solde sous le recteur Bekolo a expliqué que ses fonctions ne lui permettaient pas, comme c’est le cas avec l’agent comptable, d’être en contact direct avec la gestion des fonds de l’université. Il a, par ailleurs, souligné que le terme «prélèvements» des fonds destinés aux cotisations sociales utilisé par l’accusation, est inadapté dans cette affaire. Puisque, selon lui, l’université a une subvention de l’Etat qui sert à libérer le fonctionnement général de l’université, avec une particularité que les recteurs paient en priorité les salaires avant tout autre chose. M. Etoundi précise qu’il n’a jamais eu connaissance de ce qu’une somme de 343 millions de francs a été affectée uniquement aux cotisations sociales et que Bruno Bekolo Ebe n’a pas détourné les fonds querellés.
Décharge
Il réitérait simplement devant les juges ce qu’il avait déjà dit au juge d’instruction au cours de l’enquête judiciaire. Le témoin a également apporté une précision importante, à savoir que les difficultés dans la gestion du reversement des cotisations sociales des employés de l’université de Douala ne datent pas seulement de l’époque de M. Bekolo Ebe. D’après lui, elles ont débuté en 2001 et ont perduré jusqu’en 2016, soit 15 ans durant, une période correspondant au passage de 4 recteurs dans l’institution. «Qu’est ce qui explique que les actes posés par les trois autres collègues dans le cadre de la gestion de ces cotisations sociales soient considérés comme des arriérés, et détournement de fonds publics quand il s’agit de moi?», question de Bruno Bekolo Ebe au témoin de l’accusation.
A cette embarrassante question qui clôturait son interrogatoire, François Xavier Etoundi a répliqué mot pour mot : «je ne suis pas le déclencheur de l’affaire. Je ne peux pas répondre à une telle question». Comme on peut le constater l’énigme persiste dans ce procès. La déposition du témoin de l’accusation a été favorable à l’accusé pendant que le parquet est toujours en quête de preuves contre lui.
En rappel, il est reproché au Pr Bruno Bekolo, le présumé non reversement à la Cnps, des cotisations sociales du personnel d’une valeur de 343,5 millions de francs dans la période allant de 2012 à 2013. L’enjeu du procès est de démontrer comment l’ancien recteur a prélevé ladite somme des caisses de l’Université de Douala pour la destiner à autre chose que le but qui lui était assignée.