Cela fait un peu plus de trois mois que vous n’avez plus aperçu votre journal. L’édition N°447 de l’hebdomadaire du monde judiciaire, la dernière dans les kiosques, avait paru le 18 octobre 2022. Mais quatre jours plus tard, l’auteur de ces lignes était victime d’un violent accident de la circulation au cours duquel il subissait notamment la rupture de son fémur gauche. La gravité de son état de santé imposait une lourde prise en charge médicale et une longue indisponibilité. Compte tenu des charges incombant au directeur de la publication, responsable notamment devant la Justice de tous les écrits dont il autorise la diffusion, l’arrêt des activités du journal s’imposait immédiatement et sans préavis.
Voici donc arrivée l’heure de la reprise des activités, même si les séquelles laissées par l’accident sont encore bien visibles. Les prières et les appels incessants de quelques-uns parmi vous pour le retour rapide de Kalara dans les kiosques y est pour beaucoup. Nous profitons de l’occasion pour remercier les uns et les autres pour la confiance maintenue en dépit de la longue absence. Nous renouvelons notre engagement à vous servir comme toujours, dans le créneau éditorial qui est le nôtre, une information de qualité. Votre indulgence est cependant requise pour ce redémarrage qui va se faire en douceur et moyennant quelques petits réajustements dans la diffusion de nos écrits.
Le marché camerounais de la presse écrite étant totalement désorganisé du fait de l’absence depuis quelques années d’une société de diffusion, il est désormais évident qu’aucun journal ne peut vivre de ses ventes en kiosque. C’est pourquoi la priorité sera progressivement donnée à la diffusion numérique à travers notre site internet (www.kalarahebdo.net), même si le support écrit ne disparaîtra pas. L’idée est d’offrir une alternative à ceux qui ont du mal à trouver leur journal quand il paraît. Nous les invitons humblement de ce fait à faire l’effort de la migration numérique. Elle offre de nombreux avantages dont la moindre n’est pas la publication des articles au fur et à mesure qu’ils sont prêts sans attendre le début de la semaine. Un quotidien en ligne lorsqu’il aura atteint sa vitesse de croisière.
Le retour de Kalara en kiosque intervient alors que le pays vit dans l’émoi de la disparition brutale de Martinez Zogo, directeur de Amplitude FM à Yaoundé. Le corps sauvagement mutilé et souillé du présentateur du programme dénommé «Embouteillage» a été retrouvé le 22 janvier dernier à Ebogo 2, une banlieue de Yaoundé, quatre jours après son enlèvement spectaculaire devant une brigade de gendarmerie où il croyait trouver refuge sous la poursuite de ses ravisseurs. Plusieurs lanceurs d’alertes avaient confirmé son décès avant même la découverte de son corps en putréfaction. Ces derniers diffusent aussi depuis lors des listes contenant des noms d’autres hommes de médias qu’ils annoncent comme les prochaines victimes d’un gang pour l’instant mystérieux qui projetterait de leur ôter la vie comme à Martinez Zogo…
Parmi les noms qui reviennent souvent, figurent Haman Mana, éditeur du quotidien Le Jour, Paul Chouta, lanceur d’alertes, et Christophe Bobiokono, directeur de publication de Kalara. Comme Martinez Zogo, ces personnes ont en commun d’avoir traité ou d’être à la tête des publications qui l’ont fait, chacune à sa façon, le conflit qui oppose depuis quelques mois l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Bélinga à une demi-douzaine d’inspecteurs des impôts devant le Tribunal de première instance de Yaoundé – centre administratif. Ce conflit a donné lieu à la circulation ces dernières semaines des documents listant quantités de marchés publics attribués de gré à gré au patron de Vision 4 Télévision SA pour une valeur globale de 46 milliards de francs. Un déballage sans doute gênant pour le promoteur du Groupe l’Anecdote et ses différents soutiens au moment où il est accusé de fraude fiscale et de blanchiment d’argent par les administrations compétentes.
Déjà sous le coup depuis quelques années de plusieurs procès grossiers en rapport avec son positionnement éditorial qui serait à l’origine, comme le prétendent les lanceurs d’alertes, des menaces de mort qui pèsent sur son éditeur, Kalara en prend acte tout en mettant les pouvoirs publics, garant de la sécurité des personnes et des biens, devant leurs responsabilités. Comme par le passé, le journal entend poursuivre sereinement sa mission d’informer de façon professionnelle et en toute responsabilité. Le contenu de cette édition de reprise en dit long sur cet engagement qui, loin d’être un défi à l’endroit de qui que ce soit, participe du droit du public à être informé. Un droit garanti par la Constitution du Cameroun.