«Mon père avait cinq femmes et 28 enfants», a affirmé cet époux mercredi dernier devant le Tribunal de premier degré de Yaoundé. Il demande le divorce à sa femme, car cette dernière l’empêcherait de prendre une seconde épouse. Il a donné sa version des faits au cours de cette audience. D’après Raymond, 38 ans, l’idylle avec Carole commence en 2014. «Nous étions voisins dans un quartier de Yaoundé et, très vite, nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre. Deux ans plus tard, nous nous sommes mariés», s’est-il souvenu. Les problèmes commencent en 2017, lorsque les jeunes mariés n’arrivent pas à avoir des enfants. Raymond, agent commercial, a affirmé que c’est Carole le problème. Selon ses déclarations, cette dernière serait stérile. Les époux, qui vivent désormais séparés, aurait fait le tour des hôpitaux et tradi-praticiens pour pallier à cette situation. En vain.
C’est ainsi que Raymond, marié à Carole sous le régime de la polygamie et la communauté des biens, a donc décidé de prendre une seconde épouse pour assouvir son désir de devenir papa. Il dit avoir donné l’explication suivante à sa femme : «En bon bamiléké, je ne peux pas mourir sans laisser de descendance. Tu seras toujours ma première femme, mais je vais en épouser une autre. Je veux les enfants.» Une décision à laquelle Carole se serait farouchement opposée, le menaçant de mettre à feu leur domicile conjugal. Raymond dit également avoir donné l’opportunité à son épouse de lui chercher cette femme selon sa convenance, mais cette dernière s’y oppose toujours. Fatigué des pourparlers qui n’aboutissent pas aux résultats tant attendus, Raymond a demandé le divorce à Carole pour épouser sans crainte cette autre femme. Le chef de famille n’a pas fini de parler avant d’être interrompu par Carole.
Amour et folie
«Tu es un sacré menteur», s’est-elle écriée. Contrairement à ce que son mari a voulu laisser croire, la dame explique que Raymond était conscient de ses problèmes de stérilité lorsqu’il l’a prise pour épouse. «Il me disait que son bonheur est d’être avec moi, et que les enfants ne sont que des accessoires», a-t-elle raconté. Carole s’est étendue dans son témoignage en laissant entendre que le désir de son époux de prendre une seconde épouse ne serait plus un vœu, mais désormais une réalité. Selon elle, ce dernier a convolé en justes noces avec une autre femme alors qu’elle était à l’étranger. De retour de son voyage, Carole dit avoir eu du mal à entrer chez elle, car sa rivale et coépouse lui barrait la voie brandissant sous son nez leur acte de mariage nouvellement signé avec Raymond. Carole conclut son récit en déclarant qu’elle s’oppose au divorce sollicité par son époux parce qu’elle éprouve encore des sentiments pour lui. «J’aime encore mon mari, je refuse de le partager», a-t-elle conclu.
À la question du tribunal de savoir à quoi s’attendait-elle en acceptant de signer l’acte de mariage sous le régime de la polygamie ?, Carole a déclaré que ce dernier lui avait dit que «chez les Bamiléké, tout le monde signe sous le régime de la polygamie juste pour remplir les formalités. Je n’avais pas pensé qu’il prendrait réellement une seconde épouse», s’est-elle justifiée. Le tribunal va l’instruire en expliquant à Carole que son mari est dans son droit de prendre une seconde épouse, et le moins qu’elle puisse faire serait de les respecter. Les réquisitions du ministère public sont attendues.