Entre Mme Kanse Marie et son petit frère Lucas Etoundi, c’est désormais le clash. Les enfants des mêmes parents ne s’entendent plus depuis environ 10 ans. Au centre des hostilités, une maison, dont les deux frères se déclarent propriétaires. Le linge sale n’a pas pu se laver en famille, c’est désormais en public qu’ils ont décidé de régler leur différend par jugement interposé. C’est Marie Kanse qui est à l’origine d’une procédure intentée devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif. Elle accuse son cadet des faits de menaces sous conditions. La dame soutient que Lucas Etoundi lui a proféré des menaces de mort, lorsqu’elle a exprimé le désir de réintégrer la case qu’elle aurait construite avec l’aide de sa mère, avant d’aller en mariage. Ce dernier, qui nie les faits mis à sa charge, a donné sa version des faits à l’audience du 25 juin 2021.
Lors de son témoignage, Mme Kanse a déclaré au tribunal qu’elle est commerçante depuis sa jeunesse. Avec le fruit de son commerce, elle a acheté le terrain en 1976 et y a construit la baraque qui fait problème aujourd’hui avec l’aide de sa maman. A cette époque-là, dit-elle, Lucas Etoundi, le cadet d’une fratrie de trois, n’était encore qu’un enfant. Elle déclare avoir grandi dans cette maison avec toute sa famille, avant d’aller à mariage en 1995. La plaignante, qui réside actuellement à Sa’a avec son époux, relate que leur famille est propriétaire de plusieurs immeubles, qui ont fait l’objet de partage après le décès de leurs deux parents. C’est ainsi que le domicile familiale querellé lui a été attribué, et ses frères ont chacun eu leur part d’héritage. En partant en mariage, Mme Kanse a laissé sa maison à son frère cadet et avait en projet de la récupérer plus tard.
Abus
Seulement, en 2011, lorsque la commerçante décide de réintégrer sa case, Lucas Etoundi s’y est opposé, tout en la menaçant à l’aide d’un fusil de chasse. Suite à ces évènements, Mme Kanse a traduit son petit frère en justice et en a eu gain de cause. Le juge a ordonné l’expulsion du mis en cause, mais depuis lors, ce dernier refuse de s’exécuter. En novembre 2020, la dame a une fois de plus été menacée, lorsqu’elle a voulu réclamer son héritage. «Il m’a menacé une seconde fois avec la machette et m’a dit que si je continue à réclamer cette maison, il va me tuer. Cette baraque est inhabitée depuis des années. Mon frère a scellé cette maison avec mes effets à l’intérieur. Je ne lui réclame pas de l’argent, je veux juste récupérer mon bien», a- t-elle déclaré. Au cours des débats, il en est ressorti qu’à l’enquête préliminaire, le troisième frère de la fratrie a soutenu que la maison objet du litige appartient à la plaignante. Aucun autre témoin ne s’est présenté devant le tribunal pour corroborer les menaces dont se plaint la présumée victime.
Pour sa défense, Lucas Etoundi a déclaré qu’en novembre 2020, il a reçu la visité de sa sœur ainée, qui lui a exprimé son désir de vendre le terrain où a été construite la case querellé. Il dit avoir répondu à la plaignante que «cette parcelle n’est pas à vendre, elle appartient à nos enfants. Quelques temps après, elle est revenue avec la police.» Le mis en cause nie avoir proféré des menaces de mort à sa grande sœur et soutient que cette dernière, qui n’a pas eu d’enfants, a promis de le nuire jusqu’à sa mort. L’accusé affirme que sa sœur ne lui a jamais réclamé la maison, qui est lui d’ailleurs toujours accessible «Elle m’a dit qu’elle va me mettre en prison, et c’est ce qu’elle tente de faire à travers cette procédure. Elle a aussi dit qu’elle aura ma peau ou celle de mes enfants. Pourtant, nous n’avons jamais eu de problème avant la date des présumées menaces», a-t-il confié.
Absence de PV
Pour ce qui est de la maison, M. Etoundi a déclaré au tribunal que c’est leur maman qui exerçait une activité commerciale à cet endroit avant et après le départ en mariage de la plaignante. Il soutient en outre qu’après le décès de leurs parents, la plaignante a vendu tous les biens qui leur avaient été légués avec la complicité de son autre frère, qui a été désigné unique héritier. Pour donner du poids à ces déclarations, M. Etoundi a fait comparaître un ami comme témoin. Ce dernier a déclaré avoir été présent le jour des faits, et qu’il n’y a jamais eu éclat de voix entre les frères, encore moins des menaces.
Pour le parquet, M. Etoundi est coupable des faits de menaces sous condition qui lui sont reprochés. L’avocate de l’accuse a pour sa part demandé au tribunal de déclarer son client non coupable pour défaut de preuves et manque d’éléments constatifs de l’infraction. «La plaignante ne vous a pas présenté le jugement d’hérédité de leur parents, ni le procès-verbal de partage. Elle n’a aucun témoin qui a assisté aux menaces dont elle dit avoir été victime. Elle veut passer par ce tribunal pour rendre son compte et se venger de son frère, qui n’a rien fait», a-t-elle clos son propos. L’affaire a été mise en délibéré pour le 23 juillet 2021.