Fin de parcours pour le gang qui ciblait surtout les changeurs des monnaies des pays étrangers

Par Louis Nga Abena – louisngaabena@yahoo.fr Deux affaires de braquage d’un type particulier sont en jugement devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi. Des malfrats passant pour des changeurs de devises profitaient de l’occasion pour dépouiller leurs victimes. Plusieurs membres du gang ont été mis aux arrêts et passent en jugement en deux groupes distincts devant la juridiction. Le 30 juin dernier, l’avocat de l’une des victimes a sollicité que les deux dossiers fassent l’objet d’un procès unique «pour une meilleure administration de la justice» . Le tribunal entend se prononcer sur la demande le 28 juillet prochain. Dans la première affaire, le rapport de l’information judiciaire (ordonnance de renvoi) que nous avons consulté indique que le plaignant, M. Nwadu Abuchi Azechukum, spécialisé dans le change de devises (monnaies), explique que le 31 mars 2021, son confrère Dongho Nouchi Kinkong l’a conduit dans le domicile de la prétendue Mami Kana [nom d’emprunt. Elle sera démasquée plus tard] se trouvant au quartier Nkomo à Yaoundé sous le prétexte que la concernée veut changer «une importante somme d’argent» . Pourtant, c’était un véritable «traquenard», dit-il. En fait, lorsqu’ils sont arrivés, «à peine il a sorti la somme de 42 millions de francs que quatre malfrats armés de couteaux et machettes ont surgi de la cuisine et l’ont ligoté avec du scotch, bâillonné puis dépouillé», raconte le plaignant. En dehors de la somme d’argent déjà mentionnée, ses bourreaux ont également dérobé ses téléphones portables et des documents personnels avant de s’enfuir «à bord d’un véhicule» appartenant à M. Nguitta Mboutta Théodore, que conduisait M. Fone Félicien. «Cerveaux de la bande» Pendant l’enquête policière, M. Nwadu Abuchi indique que c’est l’analyse du «listing des appels téléphoniques» qui a facilité l’interpellation des autres membres du gang qui l’a braqué. Alors que les mis en cause prétendaient «ne pas se connaître», «le listing téléphonique a fait [constater] qu’ils étaient en communication permanente». Accusé d’avoir monté le coup de vol déploré, M. Dongho Nouchi se dit aussi victime de ce forfait. Pour sa défense, il déclare que Mme Mami Kana l’a effectivement contacté pour le change de devise. Parce que le montant sollicité était considérable, il a impliqué le plaignant «au regard de sa surface financière plus importante». Au départ, il a souhaité que M. Nwadu Abuchi lui remette les fonds nécessaires afin de satisfaire lui-même la cliente, «mais ce dernier a insisté pour l’accompagner dans cette transaction» . Une attitude qu’il dit ne «pas comprendre». «Une fois au domicile [de la cliente], ils ont été assaillis par les malfrats qui les ont ligotés puis dépossédés de leurs effets.» Chauffeur du véhicule à bord duquel le gang s’est enfuit après le coup, M. Fone, écrit le juge d’instruction, «est passé aux aveux dénonçant au passage son patron Nguitta Mbouta Théodore et son ami Charly Koungang comme les cerveaux de la bande». Dans les développements de son ordonnance de renvoi, le juge d’instruction indique que cet accusé a révélé que «c’est M. Koungang qui l’a appelé le jour des faits et lui a confié les clés du véhicule litigieux lui demandant de se garer devant l’appartement où le forfait a été perpétré et de rester au contact […]. Après quelque instant, il est ressorti avec une valisette» . Poursuivant, le juge d’instruction ajoute : « l’appartement meublé dans lequel le forfait a été perpétré est celui qui a été requis curieusement par Fotue Jean Clautin pour le compte de Wadoum Koumbo Adelphe» . Vol en série En conclusion de son ordonnance de renvoi, le juge d’instruction a renvoyé M. Fone et M. Fotue en jugement pour répondre de la supposée coaction de vol aggravé. Il estime qu’ils ont «ensemble et de concert porté atteinte à la fortune de M. Nwadu Abuchi» précisant que la «circonstance aggravante» du vol déploré, c’est qu’il «a été commis avec port d’arme et à l’aide d’un véhicule automobile» . M. Dongho Nouchi et M. Wadoum Koumbo répondent pour leur part de la complicité de l’infraction au centre du procès. Tous méditent sur leur sort à la prison centrale de Yaoundé où ils sont placés en détention provisoire depuis mars 2021. Dans cette procédure, la prétendue Mami Kana dont le supposé domicile avait servi au braquage n’a pas été formellement identifiée. Mais quelques mois plus tard, elle sera mise aux arrêts dans le cadre d’une affaire similaire. Affaire dans laquelle sa véritable identité sera dévoilée comme étant Mme Nguele Ondoa Patrice Murielle, coiffeuse de profession. Dans la seconde affaire, c’est M. Nguefack Apollinaire, également changeur de devise, qui se plaint d’une supposée tentative de vol aggravé. L’ordonnance de renvoi du juge d’instruction résume les faits au centre du procès. Il explique que le 1er janvier 2022, il avait été approché par M. Ngwafor Ambe Marius, agent immobilier. L’intéressé prétendait que «sa sœur Nguele Ondoa», résidente au quartier Odza à Yaoundé, voulait changer 2.000 euros, soit environ 1,3 million de francs. Alors qu’il avait emprunté un même véhicule pour satisfaire la commande, il dit avoir «constaté que M. Ngwafor recevait beaucoup de coups de fil. Ce qui a éveillé ses suspicions au sujet d’un probable guet-apens» . Usant de ruse, il a demandé «un arrêt» en simulant une urgence à régler. Descendu de l’automobile, il a immédiatement «alerté ses amis d’affaires et la gendarmerie» . Lors des enquêtes, six autres victimes ont identifié les membres du gang comme ceux qui les avaient dépouillés avec le même mode opératoire. Les accusés méditent sur leur sort à la prison centrale de Yaoundé où ils attendent leur jugement.

Fin de parcours pour le gang qui ciblait surtout les changeurs des monnaies des pays étrangers

RUSE. Ils proposaient le change des sommes faramineuses pour mieux appâter leurs cibles. Le démarcheur, la cliente présumée, un chauffeur d’occasion, étaient mis à contribution. L’équipe a été démasquée grâce à l’exploitation de leurs communications téléphoniques.

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