Elle veut introduire ses fils dans la succession de son défunt amant

Par Odette Melingui - odettemelingui2@gmail.com Une affaire de dispute de biens a retenu l’attention du Tribunal de premier degré (TPD) la semaine dernière. Elle oppose Angeline, la veuve de Salomon, et Cécile, maîtresse du défunt. Cette procédure fait suite à un jugement d’hérédité rendu par cette même juridiction il y quelques mois. La décision pose quelques soucis à Cécile, qui estime que les intérêts de ses deux rejetons issus de sa relation amoureuse avec Salomon n’ont pas été pris en compte. Elle est venue contester ledit jugement dans une procédure dite «en tierce opposition». Angeline et ses enfants semblent ne pas vouloir de ces enfants dans leur famille. La guerre que se livre actuellement les deux dames s’est déclenchée en 2016, après le décès de Salomon. Militaire de profession, ce dernier a laissé un grand patrimoine, des enfants, et une seule veuve, prénommée Angeline. A la suite de son décès, la famille s’est réunie et un procès-verbal de conseil de famille a été dressé. Dans ce document, tous les enfants légitimes ont été désignés cohéritiers de leur défunt père. Emma, le fils ainé de Salomon, a, quant à lui, été désigné comme administrateur des biens de la succession. En sa qualité d’épouse légitime, Angeline a bénéficié de son droit d’usufruit. Ce sont les termes de ce procès-verbal de conseil de famille qui ont été entérinés par le juge du TPI il y a quelques mois et dont Cécile dit ne pas partager. Main basse Elle a relaté au tribunal qu’elle a fait la connaissance de Salomon suite à une déception amoureuse. Il avait été abandonné par Angeline, son épouse et mère de ses premiers enfants. Avec le temps, elle dit avoir réussi à panser les blessures de son homme et qu’ensemble, ils ont créé un grand patrimoine. De leur idylle sont nés deux enfants âgés respectivement de 17 et 15 ans. Après le décès de son amant, Angeline, sa veuve, est revenue au pays et a fait main basse sur tous les biens de son mari, y compris les siens. Cécile déclare que la femme de Salomon a écarté ses enfants du bénéfice des biens de leur père et refuse de les aligner comme cohéritiers dans le jugement d’hérédité querellé. Pour elle, ses fils devraient eux aussi jouir des biens laissés par le défunt au même titre que les enfants légitimes de ce dernier. Le tribunal a réexaminé le dossier en l’absence de Cécile, qui s’est néanmoins fait représenter par son avocat au cours de l’audience. « Le défunt était en instance de divorce d’avec son épouse, qui l’avait abandonné au Cameroun depuis des années pour s’installer en Europe. Il avait promis d’officialiser sa relation avec sa maitresse, une fois le divorce prononcé. Mais la mort a eu raison de lui et notre cliente, qui avait déjà créé un grand patrimoine avec ce dernier, souhaite que ses enfants, issus de cette relations, soient au moins pris en compte dans cette succession », a déclaré l’avocat. En compagnie de son fils et administrateur des biens de la succession, Angeline a fondu en larmes au moment de prendre la parole. Elle va néanmoins narrer son histoire avec Salomon qui l’a pris pour épouse depuis 1990 quand elle n’avait que 28 ans. En service dans une société publique, elle dit être allée s’installer en Europe avec l’accord de son époux, après la faillite de l’entreprise. « J’ai quitté le Cameroun en 2013 pour aller rejoindre nos enfants mineurs qui étaient déjà en France. Mon mari venait constamment nous rendre visite », a-t-elle déclaré. Angeline précise qu’après le décès de son époux, Cécile, qui s’était installée dans son foyer conjugal, a détourné tous les biens qui s’y trouvaient. Pis, elle a pris le soin de rédiger sans l’accord des membres de la famille un message-porté dans lequel elle prend l’initiative d’aller inhumer Salomon à Ambam, une localité située non loin de la frontière entre le Cameroun et le Gabon, alors qu’il était originaire de la région du Littoral et d’ethnie Bassa’a. « Elle a tout ramassé. Même les rideaux. Après son forfait, elle s’est enfuit et ne s’est même pas présentée à l’enterrement de son soi-disant amour. Elle m’a caché la maladie de mon époux .» D’après Angeline, la convoitise de Cécile ne s’est pas arrêtée là. Elle s’est fait fabriquer un faux acte de mariage afin d’accaparer le patrimoine de la famille. Seulement, sa supercherie a été découverte. Test ADN S’agissant des enfants qui auraient été ignorés dans le premier jugement, Angeline explique qu’ils ne sont pas issus des œuvres de son défunt époux. Pour convaincre la justice, elle a brandi une attestation de non existence de souche des actes de naissance. Toute chose qui laisse penser, dit-elle, que les actes de naissance de ces enfants sont faux. « De son vivant, mon mari n’a jamais laissé entendre qu’il a eu des enfants avec cette femme. Si c’était le cas, il allait faire cette confidence à son fils ainé à qui il disait tous ses secrets. Ces enfants sont issus de sa précédente relation. Je refuse qu’ils héritent de mon mari ». Cette déclaration a été confirmée par Emma, le fils ainé d’Angeline. En réplique, l’avocat de Cécile a traité la veuve de «femme calculatrice». Pour lui, avant le décès de Salomon dont il était le conseil, Angeline avait déjà introduit deux demandes de divorce en justice. C’est au bout de quatre reports du verdict que ce dernier a rendu l’âme, vaincu par la maladie. « Elle voulait se débarrasser de son époux depuis bien longtemps. Ce sont les biens qui l’ont ramenée au Cameroun et non les sentiments », a-t-il ironisé. Angeline a immédiatement riposté. « J’ai introduit ma demande de divorce parce que cette dame a utilisé mes pièces personnelles pour vendre notre maison de Douala. Je lui ai porté plainte pour faux et usage de faux. L’affaire est pendante. Elle a tué mon mari pour accaparer ses biens. Elle est mariée à un autre homme et s’est permis de donner le nom de mon mari à tous ses enfants .» Imperturbable, l’avocat a soutenu en outre que les enfants délaissés de leurs droits ont été reconnus du vivant de leur père et devraient eux aussi bénéficier de ses biens au même titre que leurs autres frères. Le tribunal a d’abord penché pour un test ADN à réaliser sur les enfants dont le lien de filiation avec Salomon est contesté avant de changer d’option et décider de rendre une décision finale le mois prochain.

Elle veut introduire ses fils dans la succession de son défunt amant

CONTESTATION. Elle exige que les noms de ses deux enfants issus de la relation avec un homme marié et en cours de divorce avec son épouse installée en Europe soient inscrits dans le jugement d’hérédité de ce dernier. La veuve et les enfants légitimes s’y opposent.

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