Partenaires et amis de longue date, Étienne Mani Fils et Simplice Kegne, deux hommes d’affaires camerounais résidents en Allemagne, sont désormais des ennemis jurés. C’est Étienne Mani Fils, qui est l’auteur d’une citation directe dirigée contre Mme Makam Charline Flore, la sœur cadette de son ancien partenaire d’affaires, Simplice Kegne. Le plaignant dit avoir confié à ce dernier des effets constitués, entre autres, d’un véhicule de marque Rav 4 et des appareils électroménagers en vue de les acheminer au Cameroun dans un conteneur, qui devait être réceptionné par Mme Makam. Sauf que les effets de Étienne Mani Fils n’ont jamais été remis à sa famille comme il le souhaitait. C’est la raison pour laquelle il poursuit Mme Makam pour abus de confiance.
Le 18 mars 2022, le tribunal de première instance de Yaoundé, centre administratif, a ouvert les débats dans le cadre de cette affaire en présence de l’accusée. Étienne Mani Fils, s’est, quant à lui, fait représenter par son avocat. C’est la représentante du ministère public, qui a exposé les faits au centre du procès. Ce procès tire sa source d’une transaction nouée en Allemagne en décembre 2017. Selon la magistrate du parquet, M. Mani Fils Étienne avait remis à M. Kegne Simplice, un véhicule de marque Rav 4 et de nombreux appareils électroménagers. Ce dernier avait pour mission d’envoyer tout ce matériel à la famille de son ami restée au Cameroun. Dans sa plainte, le plaignant dit avoir également remis la somme de 3,7 millions de francs à son compatriote représentant les frais de dédouanement et le transport de ses colis. C’est ainsi que M. Kegne Simplice aurait convoyé les effets litigieux dans un conteneur que devait réceptionner Mme Makam, qui est poursuivie dans cette procédure. Seulement, les parents d’Étienne Mani Fils n’ont jamais reçu les effets envoyés par leur fils. C’est ce qui justifie la procédure judiciaire engagée contre Mme Makam.
Vente aux enchères
Pour sa défense, Mme. Makam a reconnu que le conteneur querellé lui avait été envoyé par son frère, et contenait des effets de plusieurs personnes. Elle a expliqué que lesdits effets étaient effectivement arrivés au Cameroun et il était question pour les destinataires des effets, de s’acquitter des frais de dédouanement et de stationnement qui auraient été surfacturés au port de Douala. Dès lors que ces modalités n’avaient pas été accomplies par ces derniers, a-t-elle déclaré, le conteneur a été saisi par les autorités douanières puis vendu aux enchères en février 2019. L’accusée déclare en outre que ce n’est pas la première fois qu’elle réceptionne des conteneurs envoyés par son frère. Elle a souligné que les fois précédentes, lorsque les conteneurs arrivaient au Cameroun, c’est un certain Kamogne, déclarant en douane, qui s’occupait des transactions de dédouanement. Quand le colis arrivait à son niveau à Yaoundé, dit-elle, elle s’occupait de la distribution des effets selon les instructions données par son frère.
«Je ne connais pas M. Mani Fils. Nous n’avons jamais été en communication avec ce dernier. Il avait déjà intenté une procédure judiciaire contre mon grand-frère en Allemagne en rapport avec cette affaire. Cette procédure n’a pas prospéré pour défaut d’une décharge, qui prouve que le plaignant avait remis des effets à M. Kegne. Et depuis lors, M. Mani a promis de se venger contre mon frère en initiant une autre procédure judiciaire contre moi au Cameroun», a-t-elle confié.
Poursuivant son témoignage, la mise en cause a déclaré que depuis le déclanchement de ce problème, les relations entre les deux hommes sont conflictuelles. «J’ai essayé de régler la situation avec mes propres moyens, mais j’ai été arnaquée. Dans ce conteneur qui a été vendu aux enchères, il y avait aussi mes produits cosmétiques que j’ai perdus. Il n’y a que M. Mani qui m’a porté plainte. Les autres familles destinataires ont été tolérantes», a-t-elle conclu.
Défaut d’éléments
Le témoignage de Mme Makam a convaincu le ministère public qui, lors de ses réquisitions, a sollicité que cette dernière soit déclarée non coupable des faits mis à sa charge. «C’est aussi ça le rôle du ministère public de requérir à charge ou à décharge. Les faits ne sont pas constants. Il n’y a pas de lien entre le plaignant et l’accusée. Les effets réclamés par le plaignant n’ont jamais été remis en main propre à la mise en cause. Le tribunal n’est pas toujours la seule voie pour obtenir réparation », a déclaré le parquet.
L’avocat de M. Mani a, quant à lui, demandé au tribunal de déclarer Mme Makam coupable des faits d’abus de confiance qui lui sont reprochés. «L’accusée avait la garde juridique du conteneur querellé et elle doit répondre des effets contenus dans ce conteneur. Tout ce que veut mon client, c’est rentrer dans ses droits», a conclu l’avocat de l’accusation. Le dénouement de cette affaire est prévu le 8 avril 2022.