Par Jacques Kinene-jkine7@yahoo.fr
La bataille de succession de feu Simo Tenkeu Zossie Jean Marie, ex chef supérieur du groupement Bangam décédé le 23 mai 2020, est rude. Elle se poursuit cette fois-ci devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Bamboutos, statuant en matière civile. Le siège essentiellement éjectable a déjà vu passer trois prétendants dont M. Mouoyebe Mathurin Paul Biya, l’actuel occupant du trône. Face à cette situation, le collectif des princes et princesses de cette chefferie ont décidé de saisir la justice pour dénoncer le testament qualifié de frauduleux dont s’est servi M. Fongtendop Zossie Dieudonné, le chef destitué, pour accéder au trône de la chefferie supérieure du groupement Bangam.
L’affaire qui est passée le 5 août 2021, a été renvoyée au 2 septembre prochain pour la réplique de Dieudonné Fongtendop Zossie. Le faux allégué dans le testament contesté porte sur la forme du document contesté. Les plaignants soutiennent que la «fameuse lettre-testament» qui n’a pas été déposée chez un notaire, ne remplit pas les conditions édictées par l’article 970 du Code civil qui dispose que «le testament olographe ne sera point valable , s’il n’est écrit en entier, daté et signé de la main du testateur : il n’est assujetti à aucune autre forme». Or, disent-ils, ce prétendu testament dont le style rédactionnel ne peut nullement être celui du défunt qui était juriste, ne porte pas le cachet nominatif, le cachet rond de la chefferie et les armoiries du village constitués de l’image d’antilope. Ils ajoutent que ce document est présenté sur deux papiers portant des entêtes et écritures différentes. Avant de noter que la majorité des noms inscrits dans ledit testament ont des fausses orthographes, et surtout celui «de sa nièce Me Juju Kuoh Lucienne, qui fut jusqu’à son décès son avocate depuis plus d’une décennie ». De plus, l’avocate n’avait jamais été notifiée de l’existence d’un tel document dans lequel on peut lire «ce testament annule et remplace le précédent. Les membres du collectif concluent que ce document a été fabriqué à la hâte pour les besoins de la cause.
D’après les documents dont Kalara est en possession, il faut remonter au 23 mai 2020 pour bien comprendre cette affaire. A cette date mourrait Jean Marie Tenkeu Zossie. Après le décès du chef supérieur du groupement Bangam dans le département des Bamboutos, région de l’Ouest, deux groupes opposés se sont constitués. Le groupe majoritaire formant le collectif des princes et princesses et celui dirigé par M. Fongtendop Zossie Dieudonné, Mme Keutcha Ndambove Simo Julienne et certains membres de l’élite locale tapis dans l’ombre. Le collectif accuse le deuxième groupe d’entretenir des manœuvres de toutes sortes dans le but d’écarter ou d’éloigner tous ceux qui pouvaient détenir les dernières volontés du défunt père.
Intronisation contestée
C’est donc dans ce climat délétère que des obsèques officielles de Simo Tenkeu Zossie Jean Marie, ont été organisées en présence du préfet des Bamboutos à l’époque des faits. Les cérémonies au cours desquelles, un successeur avait été «arrêté»; c’est-à-dire choisi parmi les princes comme l’exige la tradition de la localité. Sauf que le processus qui devait le conduire au trône a tourné court, trente minutes après son «arrestation». C’est ainsi que M. Fongtendop Zossie Dieudonné avait été «arrêté» à son tour sur la base d’un testament détenu uniquement par le préfet et qui n’a jamais été présenté aux Ayants-droits. Le nouveau chef avait été conduit dans la forêt sacrée pour suivre une initiation traditionnelle qui a duré environ deux mois. Le 17 octobre 2020, il avait été intronisé sur fonds de contestations par la majorité des princes et princesses.
Entretemps, les contestations sont allées grandissantes surtout à cause des actes posés par M. Fongtendop Zossie Dieudonné. Entre autres griefs faits à ce dernier, il lui est reproché de n’avoir pas désigné son premier notable dès sa prise de fonction comme la tradition le recommande, d’avoir destitué les notables en poste, déposé les fétiches (paquet de cendre) dans les champs des populations en exigeant des rançons, et scellé les maisons des reines dans la chefferie. Le collectif des princes reproche également au chef destitué d’avoir brûlé les étapes dans son initiation, notamment le fait de n’être pas entré dans les eaux.
Après avoir épuisé toutes les voies de recours administratives pour obtenir la destitution du chef contesté disent-ils, les princes et princesses ont décidé de détrôner et d’expulser M. Fongtendop Zossie Dieudonné de la chefferie, le 23 mai 2021. Et depuis lors, c’est M. Mouoyebe Mathurin Paul Biya qui a été désigné par l’immense majorité des notables comme le nouveau chef supérieur du groupement Bangam. Affaire à suivre.