Par Odette Melingui- odettemelingui2@gmail.com
Carlos, 64 ans, est un employé dans une grande société de la place. Bouquet, son épouse est une commerçante au marché Mfoundi à Yaoundé. « À l’époque, j’avais 30 ans, un enfant sous mes bras et une envie folle de me marier. Il est arrivé dans ma vie et je lui ai dit oui», raconte-t-elle. C’était en 1995. Vingt ans plus tard, Bouquet a découvert la bible et s’est baptisée dans une église de réveil. «Mon mari m’a beaucoup soutenu au début et n’y voyait aucun inconvénient à ce que les prières se fassent à la maison», ajoute-t-elle.
Ils sont aujourd’hui parents de cinq enfants. Le premier est âgé de 24 ans et le cadet de 15 ans. Après 25 ans de mariage, Carlos, qui ne fréquente aucune église, selon sa femme, décide de quitter officiellement Bouquet. Motif : elle fait trop de bruit à la maison avec ses prières et veut marier leurs filles dans son église au lieu de les laisser poursuivre leurs études. « Je suis fatigué de cette vie. Ma femme passe ses journées à l’église. Elle ne me fait plus à manger. Quand je me plains elle mêle son pasteur dans nos problèmes de couple. Ses prières soulèvent la toiture de ma maison tellement elle cris fort. Elle a déjà entraîné tous nos enfants dans cette église», s’est-il lamenté. L’assignation en divorce de Carlos est introduite depuis six mois déjà. Pour la dame, le problème vient d’ailleurs.
Bonté divine
À leur rencontre, tout allait bien, surtout qu’elle l’hébergeait. «Il venait de perdre son emploi dans une grande surface et vivait donc dans la maison familiale avec ses frères et leurs femmes. De mon côté, je vivais avec ma première fille issue d’une précédente relation dans la maison que j’ai hérité de mon père. Par amour, je lui ai demandé de venir vivre avec moi», a-t-elle confié. Quelques années après, Carlos a décroché son emploi actuelle et grâce à son salaire et ses avantages de services, il parvient à subvenir aux besoins de sa famille. De son coté Bouquet est propriétaire d’une boutique de prête à porter. Ils louent ensemble un appartement. «Nous n’avons pas eu que des années de bonheur. Il y a cinq ans, il a commencé avec une vie de débauche. Il sort à 5h30, et revient autour de 20 heures. Il ne touchait presque plus à mes repas. Après vingt-cinq ans de mariage, je dois le supplier pour avoir la ration alimentaire», dit-elle. Absences répétées dans le foyer conjugal et bastonnades y passent.
Bouquet est allée se plaindre auprès des services sociaux. Elle réclame d’eux un époux plus responsable. Mais, ce dernier s’occupe plutôt à consolider une relation extraconjugale. «C’est une veuve qui est au centre de ses préoccupations actuelles. C’est chez elle qu’il passe ses journées, et rentre dormir quand il peut vers 2 heures du matin. Aux dernières nouvelles, j’ai appris qu’il envisage aller la doter et officialiser leur relation après notre séparation », raconte bouquet. Les multiples tentatives de réconciliation entreprises par les deux familles sont restées vaines jusqu’à ce jour.
Après des échecs devant le juge de conciliation, le couple était devant le Tribunal de premier degré (TPD) de Yaoundé le 10 mai dernier. Malgré tous ces manquements, Bouquet s’oppose au divorce. Elle déclare qu’elle prie son seigneur pour que son mari revienne à des meilleurs sentiments et qu’il renonce à son idée d’épouser une autre femme. L’affaire a été reportée à une prochaine audience pour recueillir les versions des faits des témoins du couple absents ce jour.