L’Ordre national des opticiens du Cameroun (Onoc) est à couteaux tirés avec Henriette Magueu épouse Feuzeu. Cette dernière est jusque-là la promotrice du cabinet d’optique dénommé Centralis Hema situé dans la ville de Yaoundé. La dame est accusée d’exercer la profession d’opticienne sans qualité en dépit des rappels à l’ordre formulés à son endroit par l’Ordre national des opticiens. L’affaire passe en jugement devant le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif.
C’est l’ancien président de l’Ordre des opticiens, Théodore Mbega, qui a porté l’affaire devant la Justice pour le compte de l’institution au moyen d’une citation directe datée du 7 mai 2019. La récrimination impute à la dame les supposés faits qualifiés d’usurpation d’un titre, exercice illégal d’une profession et bris de scellés. Elle clame son innocence.
Le 24 juin dernier, bien que le dossier soit en état d’être examiné au fond, le tribunal a préféré ajourner l’ouverture des débats à la demande de la défense et du ministère public. En fait, l’avocat de l’accusée a fait remarquer que M. Mbega, dont l’interrogatoire en qualité d’unique témoin de l’accusation qui était sur le point de commencer, ne peut plus parler au nom de l’Ordre national des opticiens parce qu’il n’est plus le président de ladite organisation. Il a été remplacé à cette fonction il y’a quelques mois. De ce fait, pour qu’il puisse à nouveau représenter l’ordre, il lui faut impérativement un mandat de représentation l’habilitant à agir ainsi, et signé des nouvelles autorités. Le tribunal l’a compris en reportant l’ouverture des débats au 13 août prochain afin que les préalables indiqués soient remplis.
Les hostilités entre l’ordre des opticiens et Mme Magueu ont démarré le 18 septembre 2018. Ce jour-là, le bureau de l’ordre avait décidé de fermer le cabinet d’optique Centralis Hema appartenant à la mise en cause. On fait le reproche à cette dernière d’avoir ouvert son cabinet d’optique sans être inscrite au Tableau de l’Ordre national des opticiens du Cameroun, sans obtenir l’autorisation préalable de la même organisation, mais aussi de fonctionner sans respecter «la carte sanitaire». De plus, «il n’existe pas d’opticiens diplômés au sein dudit cabinet d’optique».
Péril en la demeure
Pour l’ordre, les agissements décriés sont en déphasage avec la réglementation en vigueur, notamment la loi du 7 avril 1999 relative à l’exercice et à l’organisation de la profession d’opticien. Ce texte en son article 2 entend par opticien «toute personne titulaire soit du diplôme d’opticien lunetier, soit le diplôme d’opticien optométriste». L’autorisation d’exercer est en effet soumise, entre autres, à la production d’un dossier comprenant un certificat d’inscription au Tableau de l’Ordre national des opticiens, une attestation justifiant d’une année pratique effective auprès d’une administration publique ou d’un organisme privé.
Le texte évoqué habilite l’Ordre national des opticiens à veiller au «maintien de moralité et de dévouement indispensable» à l’observation des obligation professionnelles ainsi qu’au code déontologique. Face au comportement de la mise en cause, «le bureau de l’Ordre des opticiens a décidé de fermer le cabinet d’optique Centralis Hema». Mais, «après avoir procédé à la fermeture de ce cabinet d’optique en y apposant des scellés», Mme Magueu a brisé les scellés «pour recommencer à exercer son activité en toute illégalité et en toute impunité». L’ordre estime qu’«il y a péril en la demeure» ; il devra donc démontrer la véracité des faits imputés à Henriette Magueu épouse Feuzeu.
Dans sa brève prise de parole, M. Mbega a expliqué que le Cameroun compte plus d’un million de personnes atteintes de déficience visuelle ou de cécité. Parmi ces cas, plusieurs cas auraient pu être évités.