Par Jacques Kinene – jkine7@yahoo.fr
Le 25 mai 2021, l’affaire opposant M. Nga Onana Bienvenu, à Mme Hebga Mbayen, chef d’agence de la Société Commerciale de Banque (SCB) à Yaoundé et trois vigiles, revenait devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif pour les réquisitions du ministère public et les plaidoiries des avocats. Bienvenu Nga Onana, le plaignant est un agent aux Aéroports du Cameroun (ADC) et client de la SCB depuis 2014.
Selon l’accusation, en 2019, le plaignant avait sollicité de sa banque une attestation de non redevance. Il lui avait alors été demandé de composer un dossier et de s’acquitter de certains frais. Des conditions qu’il dit avoir remplies. Au moment de retirer sa pièce, son gestionnaire lui exige des frais supplémentaires qu’il paie. De retour à la banque pour honorer le second rendez-vous qui lui avait été donné, M. Nga Onana Bienvenu apprenait que son dossier n’était toujours pas prêt. C’est ainsi qu’il avait été conduit au bureau de Mme Hebga Mbayen, qui n’apportera pas de solution à son problème. Désabusé par ces différentes tracasseries, le plaignant avait décidé de faire un seeting dans le bureau du chef d’agence de l’entreprise bancaire. Il s’en suivra des éclats de voix entre la banquière et son hôte. Cette dernière fera appel à des agents de sécurité pour mettre le client qui était devenu indésirable à la porte. C’est lors de ce heurt que M. Nga Onana dit avoir subi des violences physiques lui ayant causé des blessures et une incapacité temporaire de travail (ITT) de 24 jours.
Pendant les audiences antérieures, les mis en cause avaient contesté la version des faits donnée par l’accusation et nié les faits qui leur sont reprochés. D’après ces derniers, les vigiles qui étaient de passage dans le bureau de Mme Hebga Mbayen pour déposer un courrier avaient expulsé le plaignant de la banque pour assurer la sécurité de leur patronne qui était menacée. La banquière avait nié avoir donné un ordre aux vigiles d’exercer des violences sur M. Nga Onana. Une descente judiciaire avait été organisée à la SCB par le tribunal qui voulait davantage avoir des éclaircissements dans cette affaire.
Le 25 mai dernier, la représentante du parquet a requis la relaxe de Mme Hebga Mbayen pour faits non constitués. En revanche, elle demande au juge en charge du dossier, de condamner les vigiles pour les faits de blessures qui leur sont imputés. L’avocat du plaignant qui ne partage pas totalement l’avis du parquet, estime que la banquière et les vigiles doivent être déclarés coupables des charges retenues contre eux.
Tous coupables ?
Pour lui, Mme Hebga Mbayen ne peut pas être dissocier de l’affaire étant donné que les vigiles ont agi sur son ordre. « Elle ne peut pas échapper à cette affaire. Elle est l’auteure moral qui a fait exécuter un ordre ayant abouti aux violences exercées sur mon client», a déclaré l’homme en robe noire..
Par ailleurs, l’avocat de l’accusation a annoncé la constitution de M. Nga Onana, comme partie civile et exigé des dommages et intérêts d’un montant de 5, 6 millions de francs à verser à son client. Il explique que cette somme sera payée par la SCB étant donné que les faits querellés ont été provoqués par Mme Hebga Mbayen dans l’exercice de ses fonctions. Il conclut qu’une telle décision servira de leçon aux institutions bancaires qui passent le temps à torturer «les clients qui sont pourtant des rois».
L’avocat de la défense, quant à lui, soutient qu’un vigile s’est retrouvé dans le bureau du chef d’agence non pas pour répondre à l’appel de cette dernière, mais pour déposer un courrier. C’est dans ces circonstances qu’il trouvera M. Nga Onana en train de menacer sa patronne avec une chaise. Dans le souci d’assurer la protection du chef d’agence, ce vigile fera appel aux autres qui n’ont exercé aucune violence sur le plaignant. «Les vigiles qui sont là pour protéger les employés de la banque, ont fait leur travail sans excès. Les blessures dont il se plaint apparaissent sur le carnet médical que sur le corps de la prétendue victime. Comment peut-on avoir deux dents cassées et ne se rendre à l’hôpital que le jour suivant », s’est-il demandé ? L’avocat de la défense conclut qu’il n’y a aucun élément sur lequel le tribunal peut s’appuyer pour condamner ses clients. Il demande de déclarer ces derniers non coupables des faits qui leur sont reprochés. La décision du tribunal est attendue à la prochaine audience prévue le 24 juin 2021.