L’affaire qui oppose le ministère public à M. Beh Ousmanou Janvier a été appelée devant le tribunal militaire de Yaoundé le 11 novembre dernier. L’accusé, qui comparait libre, répond des infractions de contrefaçon des documents et permis, corruption active devant cette juridiction. L’état du Cameroun lui reproche d’avoir intégré les rangs de l’armée par des magouilles alors qu’il n’était pas admissible au concours des sous-officiers de gendarmerie. L’accusé, qui reconnait sa faute, a demandé pardon au tribunal, qui l’a d’ailleurs reconnu coupable desdits faits.
Il ressort de quelques extraits du procès-verbal d’enquête qu’en Août 2019, après la publication des résultats définitifs du concours d’admission des sous-officiers de gendarmerie, M. Beh Ousmanou Janvier avait été contacté par son oncle, un certain Ibrahim. Ce dernier lui avait fait état de ce qu’il avait trouvé un moyen sûr lui permettant d’intégrer son nom parmi les candidats déclarés admis, moyennant une somme de 1,2 million de francs. Après avoir remis le pactole à son oncle qui ne comparaît pas, le mis en cause avait été mis à la disposition d’un certain Semy Mbouobouo qui avait la mission de l’incorporer dans les rangs de la gendarmerie. Il avait remis à ce dernier quatre photos d’identité et son acte de naissance. Quelques jours plus tard, l’homme qui s’était présenté comme portant le grade de «maître» de l’armée, lui a remettra une carte d’identité portant sa photo, mais ayant le nom de M. Nguelé Nguelé Ebolo Gaël, qui avait été effectivement déclaré admis au concours des sous-officiers de gendarmerie.
Solidarité de corps
Muni de cette fausse CNI, M. Beh Ousmanou Janvier avait rejoint le Centre d’instruction où il s’apprêtait à entamer la formation militaire. C’est dans ce centre, au cours des formalités préliminaires, qu’il a été démasqué par un proche de Gaël Nguelé Nguelé Ebolo, qui avait renoncé à son admission. L’usurpateur avait ensuite été dénoncé auprès de la Sécurité militaire, puis remis à la disposition du Service central des recherches judiciaires (Scrj) pour les besoins d’enquête. Le commissaire du gouvernent a produit le procès-verbal de l’enquête préliminaire, et un scellé, constitué de la fausse CNI. Ibrahim et Semy Mbouobouo dont les noms sont cités dans l’affaire, ne sont pas curieusement poursuivis devant le tribunal militaire. Pour des raisons que Kalara n’a pas pu cerner.
M. Beh Ousmanou Janvier, dans sa prise de parole, s’est contenté de confirmer l’exposé des faits du commissaire du gouvernement (procureur de la République). Dans ses réquisitions finales, le magistrat du parquet a sollicité que l’accusé soit déclaré coupable des faits de contrefaçon des documents et permis, corruption active retenus contre lui. Il a néanmoins requis les circonstances atténuantes en faveur de l’accusé qu’il qualifie de délinquant primaire. Il a également demandé la destruction du scellé produit à l’audience.
Pour sa part, l’avocat de M. Beh Ousmanou a demandé au juge militaire de condamner son client à une peine moins répressive. «C’est un être humain qui s’est trompé. Il a agi pour sa survie. Son père est mort alors qu’il était au CM2, en laissant deux femmes. C’est lui désormais le chef de cette grande famille, qui ne compte que sur lui. Il a fait 9 mois de formation. Donnez-lui une chance de se resocialiser», a plaidé l’avocat. L’homme en robe noire a indiqué au tribunal que les commanditaires des faits qui sont reprochés à M. Beh Ousmanou sont libres et n’ont jamais été inquiétés. «Qui sont ces personnes qui sont des militaires et qui se font appeler maître? Où sont les fabricants de la CNI erronée? Où sont les commanditaires de cette infraction ?», s’est-il interrogé.
En guise de dernière parole, l’accusé a demandé pardon au tribunal, qui a accepté son aveu de culpabilité. M. Beh Ousmanou a été reconnu coupable des infractions de contrefaçon des documents et permis, corruption active au terme des débats. Il connaîtra le sort que lui réserve le tribunal le 9 décembre prochain.