Une affaire de commérages et de rivalité politique entre les militants de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) est au centre d’un procès devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif. Les débats dans cette affaire entamés lors des audiences antérieures de la juridiction avec l’audition du plaignant, Désiré Emmanuel Biyoma, et de son témoin, M. Tonye, le 20 janvier 2022, ont été suspendu à cause de la mesure gouvernementale fixant l’arrêt du travail à 14h dans les administrations publiques pendant le déroulement actuel au Cameroun de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2021. Ces débats se poursuivront le 15 février 2022 avec la prise de parole de M. Yete Mbote, l’ancien maire d’Edéa 1er, poursuivi pour déclaration mensongère dans cette affaire.
A cette date, M. Yete Mbote dira ce qu’il sait de cette affaire qui l’oppose à Désiré Emmanuel Biyoma, son camarade de l’UPC. Les faits au centre du procès s’étaient passés à Yaoundé au cours du congrès de leur parti politique tenu en d’octobre 2017. Le mis en cause nie les charges mises sur sa personne.
Le plaignant raconte que compte tenu des difficultés rencontrées pour l’organisation de ce congrès, l’UPC avait mis en place une commission centrale d’organisation présidée par le pasteur Simon Bolivar Ndjami Wandji, ancien secrétaire d’Etat et membre de la Commission nationale de lutte contre la corruption (Conac). Ladite commission était constituée de 13 membres dont six (6) désignés par le président du parti de l’époque, Victor Onana, six (6) autres par le Secrétaire général, Basile Louka, et les trois (3) derniers choisis par le président de la commission centrale. Et dans le groupe des trois derniers membres de cette commission centrale d’organisation figurait Emmanuel Désiré Biyoma, le plaignant.
Commérages
Lors du congrès d’octobre 2017, les dissensions des militants UPC d’Edéa allaient encore rejaillir. Le plaignant Biyoma déclare que le groupe de Yete, qui le combattait déjà, avait entrepris de le dénigrer pour empêcher que sa désignation comme membre de la commission centrale d’organisation lui ouvre les portes d’une ascension politique. Pendant les intermèdes des travaux du congrès, il dit avoir constaté que M. Yete Mbote avait eu un long entretien privé avec le pasteur Ndjami Wandji. Ce constat, ajoute-t-il, s’est matérialisé à la reprise des travaux, quand le président Ndjami Wandji avait exprimé son indignation devant une information portée à sa connaissance, à savoir que le plaignant se targuait de lui avoir donné la somme d’un million de francs pour être désigné comme membre de la commission centrale d’organisation.
Interpellé sur la question, l’ancien maire avait publiquement nié les faits qui lui étaient imputés et demandé à connaître les sources de cette dénonciation, poursuit le plaignant. C’est alors que M. Ndjami Wandji lui avait demandé de venir répéter en pleine salle du congrès les propos qu’il venait de lui dire. Ce qu’il avait fait et ses déclarations avaient été confirmées par un certain Jacques Nlend Nlend. Ce dernier avait d’ailleurs ajouté que M. Biyoma avait remis la somme de 300 mille francs à M. Tekam pour qu’il l’installe à une section d’Edéa dont il avait été désigné président. Toutes ces médisances n’ayant pas trouvé une solution au sein de l’UPC, M. Biyoma avait décidé de se retourner vers la justice.
C’est ainsi que saisi de l’affaire, le Tribunal de première instance d’Edea avait condamné, le 26 février 2019, Jacques Nlend Nlend pour «dénonciation calomnieuse» en lui infligeant une peine d’emprisonnement ferme de deux mois, une amande de 100 mille francs et le paiement des dommages et intérêts de 1,3 million de francs au bénéfice de M. Biyoma. Mais le tribunal d’Edéa n’avait pas pu se prononcer au sujet de M. Yete Mbote poursuivi dans le cadre de la même procédure, ce mis en cause n’ayant pas été identifié. Raison pour laquelle M. Biyoma avait décidé d’engager une nouvelle procédure judiciaire en saisissant, cette fois-ci, le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif, territorialement compétent du fait de la nouvelle résidence du mis en cause.
Le 20 janvier 2022, M. Tonye a témoigné pour le compte de M. Biyoma. Il a repris tout ce que le plaignant avait déjà déclaré devant la barre. Il a précisé qu’il est un des doyens de l’UPC dans laquelle il milite depuis 1958. Il explique que le «parti des crabes» depuis sa création combat le tribalisme et prône l’unité. Il prend pour exemple le fait que les dirigeants de ce parti étaient originaires de toutes les contrées du Cameroun. Raison pour laquelle, il s’insurge contre les pratiques tribalistes de M. Yete Mbote qui voulait accaparer le poste de maire et de président de la section UPC dans la ville d’Edéa et exclure du jeu politique tous les «allogènes» d’Edéa, comme M. Biyoma. Pour le témoin de l’accusation, M. Yete Mbote a bel et bien calomnié le plaignant. Ce dernier a produit au tribunal un constat d’huissier de justice portant sur les déclarations du pasteur M. Ndjami Wandji, qui accable le mis en cause. L’affaire revient le 15 février 2022 pour la suite des débats.