Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com
Ce n’est pas un film d’horreur, mais une réalité. Les faits remontent au 11 février 2019, lorsque les parents de Geny Ngop, ont été informés du décès de leur fille enceinte de six mois. Les recherches menées par les éléments de la brigade de gendarmerie d’Emonbo, à Yaoundé, ont abouti à l’arrestation de M. Moudio à Goodio, qui s’est lui-même rendu pour confesser son crime. Interrogé, l’accusé, qui est en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé kondengui depuis le 20 février 2019, avait raconté aux enquêteurs le film de la mort de sa petite amie.
Après avoir passé deux ans en taule, Moudio à Goodio a été finalement jugé par un collège des juges du Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi en l’absence des ayants-droit de la victime le 7 mai 2021. L’accusé qui a toujours plaidé coupable des faits mis à sa charge depuis le déclanchement de cette procédure, a réitéré ses aveux devant la barre.
Il ressort de l’exploitation du procès-verbal d’enquête préliminaire présentée par le ministère public que M. Moudio à Goodio entretenait une relation amoureuse avec Geny Ngop. Il avait expliqué que cette dernière était tombée enceinte de lui avait fait croire que le bébé était de lui. C’est ainsi qu’il dit avoir mis tout en œuvre pour accueillir le nouveau-né, qui faisait déjà sa fierté.
Etranglement
Seulement, la joie de M. Moudio à Goodio ne va durer. Et pour cause, il avait surpris des échanges téléphoniques entre Geny Ngop et un inconnu. Lesdits messages avaient révélé que l’accusé n’était pas le véritable père de l’enfant qu’attendait sa dulcinée. La découverte de la mauvaise nouvelle va créer un climat conflictuel et de vives discussions entre les deux conjoints. Selon l’accusé, sa copine avait, pendant une longue période, fait semblant d’ignorer le contenu des messages, jusqu’au jour où elle avait consenti de lui en donner des explications.
L’infortunée s’était donc rendue au domicile de M. Moudio à Goodio le 11 février 2019 et y est restée jusqu’à 23h. Au moment de rentrer au domicile de ses parents, la jeune fille avait proposé un pot à son petit ami et en a profité pour lui avouer qu’il n’était pas le père de son futur enfant. Pris de colère, M. Moudio l’avait giflé après qu’ils se soient éloignés de la buvette. Puis s’en est suivie une altercation entre les deux amoureux jusqu’à ce que M. Moudio constate que sa petite amie ne fait plus signe de vie. Paniqué, l’accusé avait essayé de simuler une agression en se servant d’un fil barbelé qu’il avait noué sur le coup de la victime avant de prendre la clé des champs. Conscient du fait que son crime allait, tôt ou tard, être découvert, il s’était lui-même rendu à la brigade de gendarmerie d’Emombo où il est passé aux aveux complets.
Le certificat de genre de mort présenté par le parquet indique qu’il s’agissait d’une mort violente par étranglement. Devant la barre, l’accusé avait confirmé les faits tels que présentés par la représentante du parquet. Au terme de son exposé, la magistrate du ministère public a sollicité la requalification des faits de coups mortels en ceux de meurtre. Selon le parquet, la victime est décédée au cours d’une altercation, son copain n’avait aucune intention de l’assassiner. L’avocate des ayants-droit de Geny Ngop a, pour sa part, déclaré ne rien vouloir à titre de réparation du préjudice incommensurable subi par la famille de sa cliente. «Nous ne venons pas battre monnaie parce qu’on ne peut pas acheter l’âme d’une personne décédée avec de l’argent. Nous voulons juste tourner la page noire», a-t-elle déclaré. L’avocat de Moudio à Goodio a, quant à lui, plaidé les circonstances atténuantes en faveur de son client, qui a reconnu les faits depuis l’enquête préliminaire. L’affaire a été mise en délibéré pour le 4 juin 2021.