Le juge du Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif en charge du dossier opposant M. Seinou A Mekina Mbiakeu, un étudiant camerounais à son compatriote Cyrille Arthur Heumi Leunta, un ingénieur en télécommunications, a du pain sur la planche. Il est question pour lui d’établir la responsabilité des deux adversaires qui tirent chacun la couverture de son côté et se rejettent le tort. Le plaignant Seinou A Mekina Mbiakeu dit avoir été abusé par le mis en cause Cyrille Arthur Heumi Leunta qui lui aurait extorqué la somme de 2,5 millions de francs contre de fausses promesses d’une inscription dans une université roumaine.
Des accusations que l’ingénieur des télécommunications conteste totalement. Il réclame plutôt la somme de 1,8 million francs au plaignant qu’il aurait dépensée pour le montage du dossier d’admission dans une université de Roumanie et l’achat d’un billet d’avion de ce dernier. Ledit dossier comprenait, dit-il, une lettre d’admission à l’université qui devait l’accueillir, un reçu de paiement des frais de scolarité, une demande d’obtention d’un rendez-vous à l’ambassade, les diplômes.
Mais comment en est-on arrivé à ce différend qui a conduit les deux parties devant la justice? M. Heumi Leunta Cyrille Arthur explique avoir fait la connaissance de son adversaire au consulat de Pologne où il s’était rendu pour obtenir une recommandation pour l’ambassade de Roumanie au Nigeria. M. Seinou, dit l’accusé, se proposait de suivre une formation en télécommunication intelligente chez les Polonais. C’est pendant que M. Heumi s’entretenait avec son oncle employé du consulat que Seinou A Mekina Mbiakeu a sollicité des informations relatives au montage du dossier d’inscription dans une université polonaise. «Je lui ai plutôt proposé de monter des demandes d’inscription dans trois universités de Roumanie. Une de ses demandes a reçu un avis favorable. Sauf qu’il n’avait pas suffisamment de moyens financiers pour monter le dossier. C’est ainsi qu’il a sollicité mon appui financier en me promettant un terrain parmi les deux qu’il avait à Douala et Yaoundé».
Il indique qu’en dehors de l’appui financier, son rôle dans cette affaire consistait à aider à la traduction des documents obtenus à travers les sites des universités contactées. Si vous avez fait tout ce qu’il fallait pour que le plaignant effectue le voyage comme vous le prétendez, pourquoi se plaint-il contre vous, interroge la représentante du parquet? «Ce qui fait problème c’est qu’il voulait que je le mette en contact avec le consul honoraire de Roumanie au Cameroun qui était une connaissance. Il a été irrité quand j’ai opposé une fin de non-recevoir à sa demande», a déclaré l’ingénieur. Pourtant pendant son audition, poursuit le ministère public, M. Seinou A Mekina Mbiakeu a déclaré que vous lui avez remis des documents douteux, quelle est votre réaction par rapport à ces déclarations? «Cela ne saurait être vrai puisque l’école en répondant à la correspondance du plaignant, a reconnu qu’elle avait enregistré son dossier. Ce qu’il ne dit pas c’est que son voyage a échoué surtout à cause la pandémie de la Covid-19 qui lui a fait rater le rendez-vous qu’il avait déjà obtenu».
En répondant aux questions de son avocat, M. Heumi Leunta Cyrille Arthur a précisé qu’il n’a jamais signé une reconnaissance de dette à son adversaire qui ne peut pas présenter une quelconque preuve ou un témoin qui peut attester de ce que le plaignant lui a remis l’argent qu’il réclame dans cette affaire. Comment pouvez-vous expliquer votre disponibilité à investir de votre temps et d’importants fonds pour un inconnu, poursuit alors le ministère public? Il rétorque avoir été attiré par la contrepartie d’une parcelle de terrain que lui offrait le plaignant.
Au terme de son témoignage, l’avocat de la défense a présenté au tribunal un historique de relevé des comptes de son client obtenu auprès de la banque de ce dernier. Le document démontre, d’après l’avocat, les différents déblocages de fonds effectués dans le cadre de cette affaire. C’est après une forte insistance que le tribunal a accepté de le soumettre à l’examen de la représentante du parquet. Le juge estimait que la pièce a été produite avec un retard. Par ailleurs le ministère public qui a accepté d’examiner le document litigieux, a demandé au tribunal de le rejeter parce qu’il ne portait ni la signature et ni le nom de son émetteur, provoquant ainsi l’indignation de la défense. Face à ce débat, le juge a renvoyé l’affaire au 7 avril 2022, date à laquelle il compte se prononcer sur la recevabilité ou non de la pièce querellée.