La procédure judiciaire engagée contre le promoteur des hôtels La Falaise feu Pascal Monkam avant son décès se poursuit devant le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif. Le disparu fait l’objet de plaintes de la part des locataires d’un des trois immeubles qu’il avait rachetés auprès de l’honorable Ndongo Essomba en plein centre-ville de Yaoundé. Maître Marie Claire Atangana Bikouna, le bâtonnier du barreau des avocats du Cameroun, l’une des locataires plaignantes, reproche au mis en cause et à ses entreprises dans une plainte avec constitution de partie civile, les faits de trouble de jouissance, de destruction et d’activité dangereuse. Elle accuse ce dernier d’avoir entrepris des travaux de réhabilitation des immeubles qu’il venait de racheter en l’empêchant ainsi que ses clients d’accéder facilement à son cabinet.
Le 22 février 2022, l’affaire qui a connu de nombreux renvois, revenait pour débats en l’absence des ayants-droit ou d’un représentant de la société des Etablissements Monkam (SEM) dont le disparu était le promoteur. Dès l’ouverture des débats, un de ses avocats de l’accusation a pris la parole pour dire au tribunal que le regretté Pascal Monkam a posé contre sa cliente des actes crapuleux en plein centre urbain. Des actes qui, d’après lui, ont été constatés par un huissier de justice et n’ont jamais été contestés par le mis en cause. C’est à la suite de cette brève intervention que Me Marie Claire Atangana Bikouna a pris la parole pour éclairer la lanterne du tribunal sur les faits au centre du procès.
Elle raconte qu’elle était locataire d’un des trois immeubles appartenant à la société civile immobilière Fock Sarl, en abrégé SIC Fock Sarl, dont le député Ndongo Essomba fut le gérant, depuis 27 ans sans aucun problème. Un matin comme ses voisins, elle dit avoir reçu une lettre qui l’informait que les immeubles qu’ils occupaient avaient été vendus à Pascal Monkam et que ce dernier désirait rencontrer tous les locataires. Au cours de la rencontre, elle avait eu des discussions avec le nouvel acquéreur à propos de l’indemnité d’éviction de 25 millions de francs qu’elle réclamait à ce dernier. Grande fut sa surprise, dit-elle, de constater que quelques jours plus tard, sans crier gare, le nouveau propriétaire des lieux avait engagé des travaux de destruction de certains pans des immeubles acquis.
Chemin de croix
C’est ainsi que par le fait de l’entreprise qui exécutait les travaux sous les ordres de l’homme d’affaires, un trou empêchant l’accès paisible à son cabinet avait été creusé. Elle indique que l’escalier qu’elle empruntait avait été détruit et les fils électriques de son branchement avaient été déplacés avant d’ajouter que l’exécution des destructions constituait une activité dangereuse qui exposait les occupants à des accidents de toutes sortes. «Accéder à mon bureau était devenu un chemin de croix. Nous vivions désormais là-bas comme des rats et des assiégés. Par la suite, il a construit une clôture qu’il prétendait fermer à 18h. Or, c’est l’heure où un avocat, après les palais de justice, travaille dans son cabinet», a-t-elle noté. Elle souligne qu’elle avait toujours été en règle au sujet des paiements des loyers.
Face aux menaces des policiers acquis à la cause de Pascal Monkam, la plaignante avait saisi le Délégué général à la Sûreté nationale pour lui faire part de la situation, qui avait également été portée à l’attention du bâtonnier de l’époque, des responsables du parquet et du ministre de la Justice. Malgré toutes ces démarches, elle explique n’avoir jamais reçu le moindre sou de tout ce qu’elle réclamait à l’homme d’affaires. C’est la raison pour laquelle elle avait engagé une poursuite judiciaire contre ce dernier, a-t-elle conclu. Pour soutenir l’accusation, des photographies ont été présentées au tribunal qui les a admises comme pièces à conviction.
Prenant la parole, la représentante du parquet a déclaré que le témoignage de la plaignante et les pièces au soutien de l’accusation sont les éléments suffisants de preuve pour que le mis en cause présente sa défense. Ce dernier n’étant pas représenté dans la salle d’audience, le ministère public a demandé au juge en charge du dossier de déclarer feu Monkam et cie coupables des faits de trouble de jouissance, de destruction et d’activité dangereuse mis à sa charge. C’est à la suite de cette réquisition que la plaignante a annoncé sa constitution comme partie civile. Elle compte déposer sa demande de réparation du préjudice subi par écrit lors de la prochaine audience prévue le 22 mars 2022.
En rappel, il faut remonter à 2018 pour comprendre l’origine du conflit qui oppose Me Marie Claire Atangana Bikouna à l’homme d’affaires Pascal Monkam, qui a déjà quitté ce monde. En effet, cette année-là, l’homme d’affaires avait racheté auprès de la SIC Fock Sarl un immeuble à usage commercial d’une superficie de 2000 m². Ledit immeuble abritait une quinzaine d’entreprises parmi lesquelles, le cabinet de Me Atangana Bikouna. Le problème naît de ce que certains locataires de l’immeuble cédé s’étaient senti lésés et avaient exigé des réparations.