La Sonara bloque de nouveau le procès de Metouck

Par Christophe Bobiokono – cbobio@gmail.com M. Lagmago Martin, vice-président du Tribunal criminel spécial (TCS), n’a pas réussi à masquer jusqu’à la fin son courroux contre la Société nationale de Raffinage (Sonara) du Cameroun lors de la dernière audience consacrée au procès de l’ancien Directeur général (DG) de cette entreprise devant la juridiction d’exception. En annonçant au bout de quelques minutes d’échanges seulement, le 3 juillet dernier, que la poursuite de cette procédure judiciaire est renvoyée pour le 22 août prochain, le haut magistrat a envoyé un message d’avertissement aux dirigeants de cette entreprise publique pour leur refus manifeste de contribuer à la manifestation de la vérité. Tête de file du trio des juges dans l’affaire dite Metouck Charles, le président a exprimé son exaspération pour cet énième occasion manquée d’avancer dans l’examen du dossier du seul fait que la Sonara refuse de certifier les documents qu’elle détient et dont a besoin son ancien dirigeant pour sa défense devant le TCS. «Je ne peux pas l’accepter dans mon audience… On ne joue pas avec la liberté des gens ici» , a déclaré le magistrat, après avoir noté que des copies des documents transmis le 28 mai 2024 à la Sonara par l’avocat de M. Metouck pour certification avaient été retournées le 28 juin 2024 tels qu’ils avaient été expédiés. Incomplets. Sans même une lettre de transmission pour les accompagner. Lesdits documents concernent l’un seulement des 65 chefs d’accusation pour lequel l’ancien DG est en procès devant le TCS. L’accusation lui impute précisément ici des virements sans justificatifs ni de leur objet, ni de l’effectivité des prestations rémunérées» de près de 230 millions de francs au profit de la Mission Laïque Française (MLF) entre 2007 et 2010. Pour mémoire, M. Metouck avait rappelé lors de ma dernière audience que la MLF intervient depuis le démarrage des activités de la Sonara, conformément à un contrat daté du 15 juillet 1980, dans l’encadrement de l’école et du collège de l’entreprise qui offre aux apprenants la possibilité de passer les diplômes français et camerounais. Virements querellés Pour sa défense, l’ancien DG avait sollicité, entre autres, la copie certifiée du contrat qui lie la MLF à la Sonara, mais les responsables de l’entreprise avaient trouvé le moyen de ne certifier que quelques pages seulement de ce document. Contesté par le parquet général du TCS parce que jugé non conforme à la loi, le document avait été rejeté sans surprise par le tribunal. La suite du procès sur ce chef d’accusation était de ce fait ajournée en attendant que M. Charles Metouck obtienne de la Sonara un contrat complet dument certifié, mais aussi les copies certifiées des «appels de fonds» adressés par la Mission Laïque Française pour obtenir les virements querellés. Nous étions le 16 mai 2024. Et le 3 juillet 2024, le tribunal constatera que la Sonara n’a toujours pas certifié les documents attendus qu’elle a pourtant reçus, contre décharge, depuis le 28 mai 2024. Le courroux du président Lagmago est d’autant compréhensible que l’audience prévue le 4 juillet a aussi été reportée. Suite aux caprices de la Sonara, l’affaire connaîtra un nouveau temps-mort jusqu’au 22 août 2024. Soit plus de trois mois de temps perdu supplémentaire pour un procès qui traîne depuis plus de cinq ans. Du fait de la Sonara, le démarrage de l’audition de M. Metouck avait déjà été retardé de presque huit mois, les dirigeants de l’entreprise publique trainant les pieds pour certifier les documents sollicités par l’ancien DG. D’ailleurs, jusqu’à la dernière audience, certains procès-verbaux du Conseil d’administration de la Sonara de l’époque des faits du procès sollicités par l’ancien DG, n’ont toujours pas été rendus disponibles. La raffinerie a d’ailleurs traîné à certifier jusqu’à la copie de ses propres statuts… Face à cette situation qui se renouvelle sans cesse, Maître Liken Junior, l’un des conseils de l’ancien DG, a suggéré au tribunal d’appliquer l’article 314 du Code de procédure pénale en admettant les pièces telles que présentées. De toutes les façons, les avocats de M. Metouck ont demandé aux juges de tirer les conséquences du comportement de la Sonara. Après avoir pris bonne note, dans le registre d’audience, de toutes les observations faites par les avocats de la Défense, le collège des juges a renvoyé la suite du procès au 22 et 29 août 2024. Comme les précédentes fois, le coup de gueule du président a été brouillé quelques minutes plus tard, ce dernier ayant demandé encore aux avocats de la défense de renvoyer de nouveau les documents à la Sonara, pour solliciter leur certification. Rappelons que depuis le début des déboires judiciaires de M. Metouck, le procès en cours a connu de très nombreux temps morts. Aujourd’hui que la Sonara a comme directeur général un haut-magistrat, personne ne comprend toutes les latitudes que cette entreprise peut se donner par rapport aux droit de la défense. M. Metouck répond dans cette affaire de 65 chefs d’accusations pour une valeur globale de plus de 60 milliards de francs. Les milles absurdités des affaires Amadou Vamoulké devant le Tribunal criminel spécial Par Christophe Bobiokono, chroniqueur judiciaire et éditeur de Kalara (journal du monde juridico-judiciaire) L’affaire Amadou Vamoulké connaît un nouveau temps d’arrêt devant le Tribunal criminel spécial (TCS). Alors que l’ancien Directeur général (DG) de la Cameroon Radio Television (Crtv) et certains de ses anciens collaborateurs poursuivis pour détournement de fonds publics entrevoyaient déjà la fin de leur procès après la présentation, par le ministère public, le 2 mai 2024, de ses réquisitions définitives dans cette procédure judiciaire interminable, lesdits accusés se trouvent contraints d’attendre un peu plus de trois mois pour connaître la suite. Par un coup du sort inattendu, Mme Tchouatcha Watcha Yvette Delphine épouse Siewe, qui présidait jusque-là leur affaire, s’était brusquement éteinte au lendemain d’une audience tenue la veille, emportée par la maladie. C’était le seul juge du trio à avoir connu entièrement de ce procès depuis l’ouverture des débats le 25 novembre 2019. Dans cette seconde affaire Amadou Vamoulké au TCS, il ne restait pourtant plus que les plaidoiries des avocats et le verdict des juges. Mais personne ne peut dire quand prendra fin le périple de l’ancien DG dans les salles d’audience du TCS dès lors que la possibilité de la reprise du procès à zéro n’est pas exclue. Il ne se trouve plus en effet aucun juge dans cette juridiction à avoir connu de l’affaire depuis le début pour la conduire jusqu’à la fin comme l’exige la procédure judiciaire. C’est la conséquence des lenteurs judiciaires enregistrées depuis le début de la procédure. Amadou Vamoulké, accusé principal du dossier, fait ainsi les frais d’une justice aux ordres. Le sort de ce journaliste de formation à la réputation solide de gestionnaire intègre en donne la meilleure illustration.

La Sonara bloque de nouveau le procès de Metouck

La suite de la lecture de cet article (90% du reste du texte) est réservée à nos abonnés

Une fausse militaire et son amant devant la justice militaire

Il assassine l’homosexuel qui voulait abuser de lui

LiéArticles

Premium Content

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir l’actualité quotidiennes!

Categories

Welcome Back!

Create New Account!

Retrieve your password

Add New Playlist

Are you sure want to unlock this post?

Are you sure want to cancel subscription?