La révolte de Dr Ngobo après l’affaire du contre-amiral Fouda

Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com Le lieutenant-colonel Jean Alain Ndongo, commandant du Groupement territorial de gendarmerie du Centre (Gtgc), est la cible principale d’une plainte pour enlèvement, séquestration, sévices corporels, torture et diffamation, entre autres. Déposée le 1er octobre dernier dans les services du Commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé, la plainte en question est l’œuvre de Mme Ngobo Elok Olive épouse Monthe Djya, cadre d’appui à la présidence de la République. Récemment projetée au-devant de l’actualité dans le cadre de l’affaire dite du «faux contre-amiral Joseph Fouda», conseiller spécial du chef de l’État, la plaignante use de tous les moyens pour laver son honneur. Mme Ngobo Elok avait été présentée comme l’une des complices d’un certain Mbappou, cerveau d’un réseau présumé d’escrocs ; ce qu’elle conteste avec la dernière énergie, accusant le commandant du Gtgc d’avoir monté un scénario de toutes pièces pour nuire à son image. Au cours d’un point de presse qu’elle a organisé le jeudi 17 octobre 2024, la plaignante a pris le soin de rendre publics, dans le moindre détail, les faits qu’elle reproche au lieutenant-colonel. Présentant l’officier supérieur de gendarmerie comme le chargé de mission de M. Galax Etoga, le secrétaire d’État à la Défense chargé de la gendarmerie, et de M. Beti Assomo, le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, elle accuse Jean Alain Ndongo d’avoir orchestré son interpellation, puis sa mise en détention, en usant de mensonges. Elle avait en effet été interpellée le 31 juillet 2024 et placée en garde à vue pendant 30 jours au Gtgc, avant d’être remise en liberté, après avoir été présentée quelques jours plus tôt à la presse comme l’un des membres présumés du gang prétendument dirigé par M. Mbapou. Dette non-payée ? Mme Ngobo Elok, qui est prête à tout pour se faire rendre justice, explique que le 31 juillet 2024, des individus en civil se présentent à elle, munis d’un mandat d’amener, et l’interpellent sans autre forme de procès. Son interpellation, apprend-elle alors, fait suite à une plainte déposée contre elle devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé-Ekounou par le capitaine de frégate Mbonjo Louis Valentin, pour une prétendue affaire de non-remboursement d’une dette de 5 millions de francs contractée en usure depuis 2018. M. Mbongo, prétendent les "kidnappeurs", devait avoir recouvré depuis 2022 la bagatelle de 5,7 millions de francs, intérêts compris. La dame dit avoir été doublement surprise par cette accusation, aucun nuage n’obscurcissant sa relation avec son frère Mbongo, et le mandat d’amener ayant été délivré curieusement sans aucune convocation préalable. Revenant à l’affaire du «faux contre-amiral Joseph Fouda» dans laquelle elle se trouve impliquée, Mme Ngobo Elok Olive révèle qu’elle n’a été informée de son implication présumée dans ce dossier qu’à 23h, le 31 juillet 2024. Pour elle, le groupe de bandits présenté à la presse comme usurpant l’identité du contre-amiral Fouda n’existe pas. D’ailleurs, elle déclare avoir fait la connaissance de ses présumés complices pour la première fois lors de sa détention. «En aucun cas, je n’ai pris le risque de sous-traiter au nom d’une autorité, pourtant je travaille et côtoie ces autorités depuis 17 ans. Mais l’acharnement, la haine et la rancune qui animent certaines personnalités depuis le Mindef sont après moi.» Elle regrette que sa réputation, qu’elle a construite en 39 ans, ait été démolie par ses bourreaux en 49 jours. «Je ne peux pas me taire. J’ai tenu à ce que ce démenti soit fait, afin que mon nom sorte de la saleté, de ce que je ne suis pas. Il s’agit d’un règlement de compte» , assure la dame. Lors de son point de presse, Mme Ngobo Elok Olive a rappelé une succession d’événements qu’elle dit avoir vécus dans le cadre de ses fonctions et qui ont entraîné ce qu’elle subit aujourd’hui. «En 2018, j’ai été victime d’une tentative de viol au sein du ministère de la Défense où je travaillais à l’époque, de la part de mon chef hiérarchique, qui m’a ensuite sanctionnée. J’ai porté plainte, et après 6 mois d’absence, j’ai été réintégrée. En 2020, je subis une autre accusation selon laquelle je vendais des armes. Sans être interrogée, mon bureau a été scellé et j’ai été transportée de force à la gendarmerie. Lors de la perquisition, rien n’a été trouvé. Après cela, j’ai été détachée au Palais de l’Unité grâce à l’intervention du chef de l’État. Cependant, les ramifications vécues au Mindef me poursuivent encore aujourd’hui, parce que j’ai refusé d’adhérer à certaines choses… En 2024, on m’accuse d’usurpation d’identité : quelle sera la prochaine accusation ?» , s’interroge-t-elle. Téléphones confisqués Depuis le déclenchement de cette affaire, Dr Ngobo Elok Olive estime avoir subi un préjudice sur le plan relationnel, familial, amical et professionnel. «J’interpelle mes détracteurs, des hommes qui en ont après moi, ces personnes qui font une fixation particulière, pour leur dire que l’acharnement est de trop. Je n’ai rien à voir avec l’affaire du faux contre-amiral Joseph Fouda. Jusqu’à ce jour, mes téléphones sont retenus. J’interpelle le ministre de la Défense pour qu’ils me soient restitués. Je ne me laisserai pas faire ; j’ai décidé de me battre jusqu’au bout. J’exige que mon honneur soit restauré en public et que le préjudice que j’ai subi dans le sens large soit réparé à la hauteur de l’humiliation et de l’injustice dont j’ai été victime» , a-t-elle ajouté. Au cours de son point de presse, Mme Ngobo Elok Olive est revenue sur ce qu’elle dit avoir vécu dans les locaux du Gtgc. Des faits qui meublent sa plainte. Deux jours après son interpellation, dit-elle, le lieutenant-colonel Jean Alain Ndongo lui a confirmé qu’elle est complice des faits susmentionnés et que l’opération de son arrestation a été organisée par le capitaine Wladimir Horace Lionel Bisse Medouane, en service au cabinet du Secrétariat d’État à la Défense (SED), lui-même aux ordres de M. Galax Etoga Yves Landry et de M. Joseph Beti Assomo. La plaignante déclare qu’après avoir reçu un coup de fil du SED, le lieutenant-colonel Jean Alain Ndongo a arraché de force ses téléphones, sa bague de mariage et ses bijoux, les a gardés et lui a ensuite demandé de présenter les codes desdits téléphones en prétextant qu’elle y cache des choses. Le lieutenant-colonel aurait pris la décision de prolonger sa garde à vue, et dans la cellule où elle se trouvait, Mme Ngobo Elok Olive dit n’avoir plus été auditionnée. La dame accuse par ailleurs le lieutenant-colonel de l’avoir privée de visites, mais aussi d’avoir tissé des intrigues pour laisser croire à son époux qu’elle ne déverrouillait pas ses téléphones à cause des messages et documents compromettants pour son mariage qu’elle protège. Mme Ngobo Elok Olive déclare aussi avoir perdu une grossesse de 7 semaines suite à un saignement abondant consécutif au traumatisme, aux tortures physiques et mentales et à sa garde à vue dans les conditions inhumaines du Gtgc. Plusieurs autres déclarations du même acabit sont faites contre le lieutenant-colonel Jean Alain Ndongo, qui ne s’est pas encore exprimé depuis qu’il est la cible des déclarations de Mme Ngobo. Si jamais la plainte de l’employée de la présidence de la République prospère auprès du Commissaire du gouvernement, on aura peut-être l’occasion de découvrir la version des faits de l’officier supérieur de gendarmerie.

La révolte de Dr Ngobo après l’affaire du contre-amiral Fouda

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