Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com
Déclarations mensongères et menaces sous condition, tels sont les faits qui sont reprochés à M. Patchamou Maurice, président d’une association des ressortissants de la région de l’Ouest. Il est accusé avec un de ses membres, d’avoir réalisé un faux rapport financier à l’encontre de M. Wanmegne Philippe, le président sortant. Ce dernier avait été dénoncé auprès des officiers de la police judiciaire d’avoir détourné des fortes sommes d’argent dans les caisses de leur groupement avant d’être écarté, selon lui, de tout soupçon. Il soutient que le nouveau président était le responsable de ses déboires judiciaires qu’il juge sans fondement. Les mis en cause ont toujours clamé leur innocence dans cette affaire. Ils ont maintenu leur position à l’audience du 22 avril 2021 devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif qui connait du dossier.
Premier à prendre la parole, M. Patchamou Maurice a déclaré au tribunal qu’après la destitution de M. Wanmegne Philippe au poste de président de leur association pour mauvaise gestion, à l’unanimité de tous les membres, il a été élu pour le succéder. C’est ainsi que l’assemblée générale lui a recommandé de faire un audit financier sur la gestion de son prédécesseur. Il dit avoir constitué une commission, qui, au terme des travaux, a découvert un déficit de 34 millions de francs dans les caisses de l’association. «J’ai convoqué une tripartite constituée des membres du bureau entrant et sortant, ainsi que d’un huissier de justice. Après évaluation, M. Wanmegne n’a pas reconnu les faits. C’est ainsi que l’association avait porté plainte contre lui», a-t-il déclaré.
Saisi, le ministère public avait renvoyé le dossier à la Division Régionale de la police judiciaire (DRPJ) du Centre pour une enquête approfondie. La contre-expertise des officiers de police judiciaire avait, révélé que le plaignant avait, plutôt détourné la somme de 41 millions de francs au lieu de la somme de 34 millions de francs qui lui était initialement réclamée. Des pourparlers avaient été engagés entre l’association et la famille du président destitué. Celle-ci s’était engagée à rembourser la totalité des sommes d’argent querellées exigeant ainsi l’arrêt des poursuites judiciaires contre Philippe Wanmegne, afin que le différend soit réglé à l’amiable. C’est ainsi que ce dernier qui était déjà en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui, avait été libéré.
Le 13 juin 2017, M. Patchamou Maurice déclare avoir convoqué une réunion avec les membres du conseil des sages pendant laquelle le plaignant était convié. Mais, ce dernier ne s’était jamais présenté. «Les engagements pris par sa famille n’ont jamais été respectés jusqu’à ce jour. Et l’association, qui regroupe plusieurs familles chrétiennes ne l’a plus jamais convoqué. Nous avons décidé de laisser tomber cette affaire. Mais je suis surpris de me retrouver sur le banc des accusés aujourd’hui», a-t-il conclu son propos. Ces déclarations ont été confirmées par le témoin et le coaccusé de M. Patchamou Maurice.
Pour M. Wanmegne Philippe, Maurice Patchamou avait fabriqué un faux rapport d’expertise, qu’il avait remis aux officiers de police judiciaire pour qu’il soit interpellé et incarcéré. Selon lui, le rapport du président actuel était mensonger, d’où l’infraction de déclaration mensongère. Pour ce qui est des menaces sous condition, le plaignant a affirmé que Maurice Patchamou l’avait menacé de signer une lettre d’engagement si non, il va relancer les poursuites contre lui. L’affaire a été renvoyée au 21 mai 2021 pour les réquisitions du ministère public et les plaidoiries des avocats des deux parties.