Tous les coups semblent être permis dans les milieux politiques camerounais qui sont comparables à des paniers à crabes dans lesquels l’argent, la mesquinerie et la recherche effrénée du pouvoir sont les seules valeurs au-dessus de l’éthique et des valeurs intrinsèques. Ce constat est tiré de l’affaire qui oppose Me Fotso Chebou Kamdem Fostine, avocate au barreau du Cameroun et ancienne parlementaire à Mfomo Zanga Engelbert, directeur de publication du journal l’«Activateur». Ce dernier se présente également comme le président du «Collectif des patriotes» et du «Groupe Breaking News» du Cameroun, association dans laquelle, Me Fotso Fostine avait été portée à la présidence d’honneur. C’est donc des personnes qui se connaissent et qui se règlent des comptes devant la justice. L’avocate reproche au journaliste des faits de propagation de fausses nouvelles et injures.
Le 9 septembre 2021, les deux parties ont croisé le verbe devant le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif. L’audience a pris les allures d’une pièce de théâtre dans laquelle «des anciens amis» se jettent des tomates pourries sur la face. Me Fotso Fostine explique avoir été informée par des connaissances qu’un tract publié par M. Mfomo circulait dans les réseaux sociaux. Dans le document, son auteur, dit-elle, conteste le patriotisme de l’avocate et prétend qu’elle complote avec des Français, des gens qui veulent renverser le président Paul Biya». «Il m’a traité dans un tract et dans une tranche d’antenne à Radio Galaxie de patriote chauve-souris. Il a dit que mon visage était hideux, mon français approximatif avant de remettre en question mon doctorat. De telles accusations sont très graves et préjudiciables. Elles peuvent me coûter la vie», a noté Me Fotso. Elle a nié avoir une quelconque connivence avec des hommes politiques français. Par contre, la plaignante a déclaré avoir trois enfants qui ont obtenu la nationalité française et une maison en hexagone.
Me Fotso a dit avoir fait la connaissance de M. Mfomo Zanga Engelbert, qui jouait le rôle de maître de cérémonies au cours d’une session de formation des femmes organisée par le Pr Justine Diffo, l’actuelle présidente du Conseil d’administration de l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART). Elle explique avoir financé la formation de quelques femmes à hauteur de 500 mille francs. «C’est ainsi qu’il avait sollicité que je fasse partie de son groupe. Je l’avais aidé à monter et légaliser les statuts de ce groupe en lui apportant un soutien financier de 500 milles déposés en deux tranches. J’ai été surprise qu’il se retourne contre moi». Me Fotso a ajouté que le mis en cause a reconnu les faits qui lui sont reprochés en répondant à une sommation dressée par un huissier de justice. Raison pour laquelle, l’avocate a demandé au tribunal de requalifier les infractions initiales de diffamation par voie de presse écrite, radio et télévision en celles de propagation de fausses nouvelles et injures. Le juge a accédé à la demande de la plaignante. Le témoin de Me Fotso, une de ses employés, a totalement corroboré les déclarations de sa patronne en ajoutant que le journaliste qu’elle a rencontré à deux reprises n’a jamais mis pied au domicile de sa patronne.
Pour sa défense, M. Mfomo n’a pas contesté certaines déclarations de Me Fotso qu’il considère comme une amie de qui il a obtenu régulièrement des appuis financiers. Sauf que leur relation est devenue litigieuse lors de l’installation du maire de l’arrondissement de Ngomedzap. Il raconte que l’avocate avait voulu renverser l’ordre protocolaire mis en place et dont il avait la responsabilité. «Elle est allée s’asseoir à la place de Mme le maire tout à côté du préfet. Un comportement qui a gêné tout le monde et j’ai vivement critiqué. C’est la pomme de discorde», a confié le DP de l’Activateur. Quelques mois plus tard, il dit avoir été informé que son adversaire avait créé un groupe WhatsApp dissident au Collectif des patriotes dans lequel elle le vilipendait. Elle l’aurait traité de tous les noms d’oiseaux, notamment, un pseudo journaliste, un incapable, un pauvre type, un ingrat et un prétentieux. «Dans ses écrits, elle avait déclaré que je passe le temps à escroquer et à cogner les têtes des personnalités».
Dans la suite de son récit M. Mfomo a expliqué que son texte qui est d’après lui, un article de presse est une réponse du berger à la bergère. Il souligne que son document qu’il a d’ailleurs intégralement lu au cours d’une émission à la station de radio Galaxie voulait démontrer les circonstances dans lesquelles il a fait la connaissance de l’ancienne parlementaire et celles qui ont conduit à la rupture. S’agissant justement de la rupture, M. Mfomo reproche à Me Fotso le fait qu’elle aime s’exhiber en public, arracher la parole et conserver celle-ci avant de noter qu’elle est très agitée. Il indique ensuite que son amie d’hier, adore calomnier les autres, faire le «kongossa». Enfin, il souligne que cette dame est une adepte de la pensée unique qui ne supporte pas la contradiction. Il a conclu son propos en indiquant que l’avocate n’est pas une patriote, d’une part, parce que certains membres du bureau du Collectif des patriotes estiment qu’elle ne défend pas suffisamment le président Biya quand il est attaqué par certains milieux français et d’autre part, elle a pris position en faveur de l’homosexualité interdite par la constitution du Cameroun. La suite des débats est prévue le 14 octobre 2021, avec la production des pièces au soutien de la défense.