Par Odette Melingui – odettemelingui2@gmail.com
L’affaire qui oppose Armand Deutchoua Yomassom, vendeur des produits Eloge à Annie Nyankam épse Nuyebga, une partenaire d’affaires, passait devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif le 25 août 2021. Après l’audition des parties lors d’une précédente audience, le dossier revenait ce jour pour les plaidoiries des avocats. Armand Deutchoua Yomassom poursuit Annie Nyankam pour abus de confiance. Notament le fait pour elle d’avoir détourné les recettes des marchandises estimées à 25 millions de francs. La mise en cause, qui est libre de ses mouvements, clame son innocence depuis le déclanchement de cette procédure. Elle conteste les montants décriés par le plaignant.
Il ressort des débats que dans la période allant de 2016 à 2018, Mme Nuyebga avait reçu une importante quantité de produits cosmétiques évaluée à plus de 25 millions de francs qu’elle devait commercialiser afin de reverser les recettes au plaignant. L’accusation explique que la mise en cause a plutôt détourné le fruit des ventes. Interpellée, la dame avait prétexté que les clients auprès desquels elle a livré les produits en question n’ont pas encore effectué les paiements. M. Deutchoua Armand avait été informé de la supercherie par un autre employé de l’entreprise. C’est alors qu’il avait demandé à sa partenaire de lui reverser les sommes réclamées.
En réaction, Mme Nuyebga avait plutôt présenté au plaignant un état financier de revendications de ses commissions impayées estimées à 19,4 millions de francs. «Elle n’a engagé aucune action pour entrer en possession de son argent. Elle n’a fait comparaître aucun témoin pour corroborer sa version des faits», a confié l’avocat du plaignant, qui a demandé au tribunal de déclarer Mme Nuyebga coupable de l’infraction d’abus de confiance. Il a sollicité en outre la somme de 40 millions de francs représentant les dommages et intérêts.
Exception de nullité
L’avocat de Mme Nuyebga a donné une autre version des faits. Il a déclaré que les deux partenaires d’affaires sont des connaissances de longue date. Pendant longtemps, la dame qui était vendeuse des produits cosmétiques dans une autre entreprise, livrait des marchandises au plaignant. Il avait été impressionné par ses prestations et avait fait appel à cette dernière lorsqu’il avait signé un contrat avec un fabricant des produits cosmétiques. La dame avait exigé à M. Deutchoua Armand les commissions de 500f pour chaque douzaine de marchandise vendue. Pendant neuf ans, l’accusée dit n’avoir perçu aucune commission. Elle estime le cumul des arriérés ainsi que certaines autres primes à 19,4 millions de francs.
L’avocat explique que c’est pendant le congé de maternité de la mise en cause qu’elle a été remplacée par son petit frère. De retour, Mme Nuyebga avait demandé une augmentation de ses commissions à son partenaire, mais ce dernier lui avait opposé une fin de non-recevoir. L’avocat de la défense souligne qu’une comptabilité a été faite pour faire la lumière sur les revendications du plaignant, seul un écart de caisse de 5 millions de francs avait été constaté. «Dans sa somation, ma cliente a demandé à son fournisseur de retrancher cet argent sur les frais de commissions qu’elle lui réclame», a expliqué l’avocat. Il a ajouté que les 25 millions qu’il revendique n’est que le fruit de son imagination. Il déclare que le plaignant n’a pas présenté au tribunal l’état des comptes de Mme Nuyebga de 2009 à 2018 et le registre qui retrace cette comptabilité. «Le montant que ma cliente reconnait est la somme de 5 millions de francs, qu’elle avait fait sortir des caisses en 2013 à la demande de M. Deutchoua Armand»
L’avocat a conclu son propos en soulevant une exception de nullité de la procédure. Il a soutenu que le plaignant a attendu 5 ans avant de saisir la justice pour les faits qui ont eu lieux en 2013. Selon l’homme en robe noire, il s’agit d’un délit qui, après trois ans, tombe sous le coup de la prescription. Le verdict dans cette affaire est attendu le 22 septembre 2021.