Une affaire peu courante \u00e9tait inscrite au r\u00f4le de l\u2019audience correctionnelle du Tribunal de premi\u00e8re instance (TPI) de Yaound\u00e9 (centre administratif) jeudi dernier, 7 avril 2020. Une proc\u00e9dure sp\u00e9ciale du fait de ses protagonistes\u00a0: d\u2019une part, le Cabinet conseils Atou et son promoteur, et d\u2019autre part, trois inspecteurs d\u2019Etat et le minist\u00e8re d\u00e9l\u00e9gu\u00e9 \u00e0 la pr\u00e9sidence de la R\u00e9publique charg\u00e9 du Contr\u00f4le sup\u00e9rieur de l\u2019Etat (Consupe). Les inspecteurs d\u2019Etat Wambang Nyamalum Alfred, Aboubakary Modibo Amadou et El Hadj Hassan, puisqu\u2019il s\u2019agit d\u2019eux, sont appel\u00e9s \u00e0 r\u00e9pondre de 7 chefs de poursuites au total dans cette proc\u00e9dure judiciaire naissante et le Consupe est point\u00e9 comme responsable civil des faits reproch\u00e9s \u00e0 ces fonctionnaires. Mais aucun des mis en cause, qui avaient \u00e9t\u00e9 vainement recherch\u00e9s le 31 mars 2022 par la police en vue de leur identification, ne s\u2019est pr\u00e9sent\u00e9 devant la barre \u00e0 l\u2019audience inaugurale du proc\u00e8s. Rendez-vous a \u00e9t\u00e9 donn\u00e9 aux parties le 5 mai prochain pour l\u2019ouverture des d\u00e9bats, le temps que le dossier soit mis en \u00e9tat d\u2019\u00eatre examin\u00e9.<\/p>\n
Cette proc\u00e9dure judiciaire tire sa source de la d\u00e9j\u00e0 longue bataille politico-administrative qui oppose diverses hautes personnalit\u00e9s de la R\u00e9publique au sujet de la gestion des avoirs mat\u00e9riels ayant surv\u00e9cu \u00e0 la liquidation de trois anciennes entreprises publiques (l\u2019Office national des ports du Cameroun – Onpc, la R\u00e9gie nationale de Chemin de fer du Cameroun \u2013 Regifercam et l\u2019Office national de commercialisation des produits de base – Oncpb). Depuis le 4 mars 2014, le cabinet Atou jouit d\u2019une convention qui le lie \u00e0 l\u2019Etat pour la gestion d\u2019un immense patrimoine constitu\u00e9 par ce qu\u2019il appelle les \u00abactifs r\u00e9siduels\u00bb des trois d\u00e9funtes soci\u00e9t\u00e9s publiques. Cette convention avait fait l\u2019objet d\u2019un avenant le \u00a030 juillet 2021. Mais certains acteurs publics, notamment le Port autonome de Douala (PAD), l\u2019une des soci\u00e9t\u00e9s issue de la restructuration de l\u2019ex-Onpc, revendique depuis quelques ann\u00e9es la paternit\u00e9 de certains de ces actifs au cabinet Atou. Et le dossier mobilise de nombreux hauts-serviteurs de l\u2019Etat qui se livrent une bataille plus ou moins souterraine. Au point o\u00f9 quasiment deux clans se sont constitu\u00e9s au sein du gouvernement pour le contr\u00f4le de ces biens publics.<\/p>\n
La citation directe du Cabinet conseils Atou et de son promoteur \u00e0 l\u2019origine du proc\u00e8s d\u00e9marr\u00e9 la semaine derni\u00e8re devant le TPI de Yaound\u00e9 (CA) ressemble \u00e0 une nouvelle facette de ces batailles au sommet de l\u2019Etat. Lazare Atou et son entreprise demandent rien moins que le jugement de trois inspecteurs d\u2019Etat et du Consupe pour r\u00e9bellion, violence, trouble de jouissance, diffamation, fabrication de preuves, abus de fonction, coalition contre les lois et complicit\u00e9 d\u2019outrage \u00e0 t\u00e9moin en coaction ou en complicit\u00e9 (articles 74, 96,97, 124, 140, 157, 197 ,168 et 239 du Code p\u00e9nal). Ces mis en cause sont coupables aux yeux du plaignant d\u2019avoir pos\u00e9 divers actes qui l\u2019exasp\u00e8rent dans l\u2019exercice de leurs missions, notamment le blocage, \u00e0 plusieurs reprises, des comptes bancaires du cabinet conseils et de son promoteur, mais aussi une interdiction de sortie du territoire contre M. Atou, qui entend vaincre \u00e0 travers la justice ce qu\u2019il consid\u00e8re comme la t\u00e9m\u00e9rit\u00e9 du Consupe et de ses hommes \u00e0 son \u00e9gard.<\/p>
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