{"id":1446,"date":"2021-08-24T14:16:20","date_gmt":"2021-08-24T13:16:20","guid":{"rendered":"https:\/\/kalarahebdo.net\/?p=1446"},"modified":"2021-09-14T15:03:27","modified_gmt":"2021-09-14T14:03:27","slug":"louis-paul-motaze-interpelle-pour-les-55-milliards-de-laffaire-leubou","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/kalarahebdo.net\/louis-paul-motaze-interpelle-pour-les-55-milliards-de-laffaire-leubou\/","title":{"rendered":"Louis Paul Motaze interpell\u00e9 pour les 5,5 milliards de l’affaire Leubou"},"content":{"rendered":"
Par Christophe Bobiokono \u2013 cbobio@gmail.com<\/strong><\/p>\n Ce vendredi, 27 ao\u00fbt 2021, le Tribunal criminel sp\u00e9cial (TCS) saura si le ministre des Finances (Minfi) est d\u2019avis que le Tr\u00e9sor public entame enfin le recouvrement des 5,5 milliards de francs pour lesquels M. Emmanuel Leubou, qu\u2019une certaine opinion publique des r\u00e9seaux sociaux a surnomm\u00e9 abusivement le Madoff camerounais, est en jugement depuis bient\u00f4t deux ans. Les avocats de l\u2019Etat (Minfi) et le repr\u00e9sentant de cette administration ont quitt\u00e9 le Palais de justice vendredi dernier dans un embarras visible. Les juges charg\u00e9s du dossier de l\u2019ancien chef de la cellule informatique de la Direction des d\u00e9penses du personnel et des pensions (Ddpp) du Minfi venaient de les interroger au sujet d\u2019une demande formul\u00e9e par quelques avocats de la d\u00e9fense. Ces derniers estiment que le tribunal doit ordonner ledit recouvrement, les conditions \u00e9tant r\u00e9unies pour cela.<\/p>\n Si, en r\u00e9ponse \u00e0 la sollicitation du tribunal, les 2 avocats de l\u2019Etat pr\u00e9sents ont dit vouloir pr\u00e9alablement recueillir l\u2019avis de leur mandant (le ministre des Finances) pour se prononcer en connaissance de cause, le repr\u00e9sentant du Minfi s\u2019est gard\u00e9 d\u2019avoir publiquement une voix dissonante, se contentant de proposer que le tribunal donne \u00e0 l\u2019administration la possibilit\u00e9 d\u2019harmoniser sa position avant de l\u2019exprimer. \u00abUne personne parlera au nom de la partie civile sur cette question\u00bb<\/em>, a dit M. Mbang Honor\u00e9. Ils mettront donc \u00e0 profit les sept jours qui s\u00e9parent la pr\u00e9c\u00e9dente audience, vendredi dernier, de la prochaine, dans quatre jours, pour avoir l\u2019avis pr\u00e9cis du ministre des Finances. Il revient donc d\u00e9sormais \u00e0 M. Louis Paul Motaz\u00e9 la d\u00e9cision de dire s\u2019il est pour ou contre ce recouvrement. Encore qu\u2019il est en mesure de le faire sans attendre une injonction judiciaire.<\/p>\n Mesure d\u2019instruction\u2026<\/strong><\/p>\n Que s\u2019est-il en fait pass\u00e9 le 20 ao\u00fbt dernier, pour que l\u2019avis du ministre des Finances soit sollicit\u00e9\u00a0? Le tribunal venait d\u2019achever l\u2019audition de M. Bitek Emmanuel, 2e<\/sup> t\u00e9moin de l\u2019accusation, et s\u2019appr\u00eatait \u00e0 renvoyer la suite du proc\u00e8s pour la comparution du 3e<\/sup> t\u00e9moin, lorsque Me Kamga Ngatchou, l\u2019avocat de M. Leubou, a dit au coll\u00e8ge des juges qu\u2019il avait une demande \u00e0 soumettre. Il a rappel\u00e9 que, plusieurs fois pendant son t\u00e9moignage, le t\u00e9moin Bitek avait d\u00e9clar\u00e9 qu\u2019il suffisait que le tribunal ordonne que les remboursements des cr\u00e9dits au centre du proc\u00e8s soient repositionn\u00e9s pour que l\u2019Etat r\u00e9cup\u00e8re son argent. Et l\u2019avocat a re\u00e7u le soutien des conseils de deux des trois coaccus\u00e9s de son client pour une \u00abmesure d\u2019instruction\u00bb, qu\u2019ils ont dit justifi\u00e9e. C\u2019est alors que les juges ont sollicit\u00e9 les avis des autres parties au proc\u00e8s avant de d\u00e9voiler, \u00e9ventuellement, leur propre position. Ils iront probablement au bout de leur consultation le 27 ao\u00fbt 2021, date de la prochaine audience.<\/p>\n Au cours de son audition devant la barre le 18 mai 2021, M. Bitek, ing\u00e9nieur informaticien en service \u00e0 la Cellule informatique de la Ddpp, avait d\u00e9clar\u00e9 \u00abqu\u2019\u00e0 partir des listings transmis \u00e0 l\u2019instruction, <\/em>(il est) possible d\u2019avoir les noms et matricules des b\u00e9n\u00e9ficiaires des avances sur solde\u00bb<\/em> dont le non-remboursement (provoqu\u00e9 par des mains criminelles) est au c\u0153ur du proc\u00e8s. Interrog\u00e9 pour savoir si ces remboursements pouvaient \u00eatre repositionn\u00e9s afin que les b\u00e9n\u00e9ficiaires des cr\u00e9dits paient leur dette envers l\u2019Etat, le t\u00e9moin avait \u00e9t\u00e9 sans nuance\u00a0: \u00abSi la justice et l\u2019Etat du Cameroun le d\u00e9cident, on peut repositionner ces pr\u00e9comptes, ces remboursements qui ont \u00e9t\u00e9 annul\u00e9s frauduleusement\u00bb<\/em>. C\u2019est cette possibilit\u00e9 de recouvrer les 5,5 milliards de francs, plusieurs fois rappel\u00e9e par M. Leubou depuis le d\u00e9clenchement du proc\u00e8s, que son avocat a simplement relanc\u00e9e. La liste des b\u00e9n\u00e9ficiaires des salaires frauduleux avait du reste d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 publi\u00e9e dans les colonnes de votre journal (Kalara N\u00b0336 du 7 avril 2020).<\/p>\n M. Bitek Emmanuel n\u2019est donc pas le premier \u00e0 dire que l\u2019Etat peut recouvrer son argent dans cette affaire. Le premier t\u00e9moin de l\u2019accusation dans ce proc\u00e8s partage la m\u00eame certitude, exprim\u00e9e par ses propres mots. Il s\u2019agit de M. Mougang Jacques, ing\u00e9nieur informaticien \u00e0 la retraite et ancien administrateur r\u00e9seau du syst\u00e8me Antilope au Cenadi (Centre national du d\u00e9veloppement de l\u2019informatique du minist\u00e8re des Finances). Interrog\u00e9 devant le TCS le 2 mars 2021, M. Moungang, tout en reconnaissant que le probl\u00e8me pos\u00e9 ne rel\u00e8ve pas de son domaine, s\u2019\u00e9tait dit convaincu que les b\u00e9n\u00e9ficiaires des cr\u00e9dits \u00e0 probl\u00e8me pouvaient d\u2019ailleurs aid\u00e9 la justice \u00e0 remonter aux fraudeurs : \u00abJ\u2019ai demand\u00e9 (lors de l\u2019enqu\u00eate polici\u00e8re), puisqu\u2019on connait les b\u00e9n\u00e9ficiaires (des cr\u00e9dits) pourquoi ne pas commencer par eux pour dire quels sont leurs complices dans la maison\u00bb<\/em>.<\/p>\n Chose curieuse\u00a0: cette d\u00e9marche n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 agr\u00e9\u00e9e par le minist\u00e8re public, la principale partie accusatrice du proc\u00e8s. Et son repr\u00e9sentant devant le tribunal l\u2019a d\u2019ailleurs encore montr\u00e9 vendredi dernier, masquant difficilement son propre embarras devant le probl\u00e8me pos\u00e9 par l\u2019avocat de M. Leubou. En traduisant \u00e0 sa mani\u00e8re les d\u00e9clarations des avocats de la d\u00e9fense, le magistrat a d\u00e9clar\u00e9 que les accus\u00e9s viennent de reconna\u00eetre qu\u2019ils \u00e9taient les auteurs des annulations des remboursements des cr\u00e9dits querell\u00e9s. Et dans la suite de son propos, le parquetier va s\u2019interroger\u00a0: \u00abEn quoi est-ce que le repositionnement sollicit\u00e9 va influencer les faits concern\u00e9s par cette proc\u00e9dure\u00a0?\u00bb<\/em> Pour lui, la d\u00e9fense demande au tribunal \u00aben r\u00e9alit\u00e9 de prendre une mesure administrative\u00bb<\/em>. Il va contest\u00e9 \u00e0 la d\u00e9fense la \u00abqualit\u00e9 pour d\u00e9fendre les int\u00e9r\u00eats de l\u2019Etat dans cette proc\u00e9dure\u00bb. <\/em>Les repr\u00e9sentants du minist\u00e8re des Finances \u00e0 l\u2019audience l\u2019ont sans doute entendu.<\/p>\n Basile Atangana Kouna<\/strong><\/p>\n En principe, avec la demande formul\u00e9e par la d\u00e9fense, le minist\u00e8re des Finances peut difficilement s\u2019opposer au recouvrement des sommes d\u2019argent au c\u0153ur du proc\u00e8s. C\u2019est que cette administration a toujours soutenu que son premier objectif, \u00e0 travers sa pr\u00e9sence devant les juridictions, est de sauvegarder la fortune par le recouvrement des derniers publics d\u00e9tourn\u00e9s. D\u2019ailleurs, dans l\u2019une des proc\u00e9dures judiciaires qui mettent aux prises l\u2019Etat du Cameroun \u00e0 l\u2019ancien ministre Basile Atangana Kouna, le Minfi avait d\u00e9cid\u00e9 de se d\u00e9barrasser de son avocat. Me Nchankou Nsangou avait commis le p\u00e9ch\u00e9 de plaider en d\u00e9faveur d\u2019une offre de remboursement du \u00abcorps du d\u00e9lit\u00bb<\/em> faites par l\u2019ancien ministre, qui sollicitait la lev\u00e9e des scell\u00e9s sur ses avoirs en banque pour lui permettre de d\u00e9sint\u00e9resser l\u2019Etat. Dans le dossier Leubou, l\u2019argent \u00e0 recouvrer se trouve au Tr\u00e9sor public, les b\u00e9n\u00e9ficiaires des d\u00e9tourn\u00e9es \u00e9tant soit des fonctionnaires en activit\u00e9s, soit des fonctionnaires \u00e0 la retraite, qui re\u00e7oivent curieusement en toute s\u00e9curit\u00e9 l\u2019int\u00e9gralit\u00e9 chaque mois de l\u2019Etat leurs salaires ou pensions selon le cas.<\/p>\n