En détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis le 1er mars 2021, Robert Bruce Ongolo vit un double drame. D’abord, celui de la mort brutale de la mère de ses enfants à la suite d’une sévère bastonnade à elle infligée par les éléments de forces de l’ordre. Ces derniers s’étaient acharnés sur la défunte faute d’avoir mis la main sur son conjoint, qui avait fondu dans la nature après avoir commis un supposé vol à Bangui, en République Centrafricaine. Ensuite, son interpellation et sa mise en détention à Yaoundé où il répond d’une procédure judiciaire pour vol aggravé qui l’expose à une condamnation de la peine de mort. M. Ongolo passe en jugement devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi. Il y est opposé à M. Abdraman Mahamat Ibrahim qui lui reproche de l’avoir délesté de la rondelette somme de 40 millions de francs après lui avoir administré des somnifères dans le cadre d’un prétendu traitement traditionnel. D’après l’accusation, le forfait aurait été commis avec des violences et une arme, d’où le fait aggravant de l’affaire.
Le 11 mars 2022, le dossier passait devant le tribunal en l’absence du plaignant Abdraman Mahamat Ibrahim. Selon l’exposé des faits présenté par la magistrate du parquet, il ressort que le 17 février 2021, la supposée victime, qui était tombé malade en République Centrafricaine (RCA) avait fait appel à M. Ongolo Robert Bruce qui se passait pour un naturopathe. C’est ainsi que ce dernier aurait injecté M. Abdraman Mahamat Ibrahim des stupéfiants qui auraient enfoncé ce dernier dans un profond sommeil des heures durant. Profitant de cette situation, l’accusé avait alors emporté le sac du plaignant contenant la somme de 40 millions de francs. «Au réveil de son sommeil comateux, M. Abdraman Mahamat Ibrahim avait saisi les forces de l’ordre qui avaient lancé la chasse à l’homme. Il sera rattrapé à Yaoundé quelques jours plus tard et incarcéré à la prison centrale le 11 mars 2021», a expliqué l’accusation. La magistrate précise qu’au moment de son arrestation, M. Ongolo Robert Bruce ne détenait plus que la somme de 4 millions de francs et une motocyclette. Au terme de son exposé, le ministre public a estimé que l’infraction de vol aggravé était constituée, raison pour laquelle il a demandé au tribunal de déclarer l’accusé coupable des faits qui lui sont reprochés.
Le temps des remords
Pour sa défense, M. Ongolo Robert Bruce a reconnu avoir volé à Bangui la somme de 16,2 millions de francs dans le sac du plaignant et non les 40 millions de francs annoncés par l’accusation. Il a raconté avoir retenu de la somme volée, 7 millions de francs et remis le reste à trois de ses complices, des parentés du plaignant, qui étaient, d’après lui, les initiateurs du forfait. «Le 18 février 2021, M. Abdraman Mahamat Ibrahim m’a appelé pour une intervention et muni de mes appareils de travail, je l’ai examiné et administré un produit chinois qu’il avait déjà reçu à la veuille sans problème. C’est d’ailleurs lui qui m’a demandé de revenir le lendemain. C’est donc ce médicament qui l’a endormi pendant 2 heures», a déclaré l’accusé.
Poursuivant son témoignage, M. Ongolo Robert Bruce a exposé ses remords dans cette affaire, en expliquant qu’elle a coûté la vie à la mère de ses enfants arrêtée et bastonnée pendant que les enquêteurs étaient à sa recherche. «J’ai commis un acte que je ne saurai facilement réparer. Je le regrette amèrement », a confessé l’accusé. Le juge en charge du dossier a rétorqué: «nous savons, quant à nous, ce que nous allons faire de vous». Le tribunal a, séance tenante, déclaré le mis en cause coupable des charges retenues à son encontre. A sa suite, la représentante du parquet a requis l’application de la loi. Le tribunal, qui a clos les débats, compte se prononcer sur la peine le 13 mai 2022.